Quelles sont les perspectives pour 2016 ? Quelles prévisions faire sur le chômage ? Quel est le bilan des politiques d’emploi ? Quelles sont les conséquences de la politique monétaire menée par la FED ?

 

France Culture : émission du 02/01/2016 – Perspectives pour  2016.

Christian de Boissieu, professeur d’économie à l’université Paris 1 et au Collège d’Europe à Bruges, Benjamin Coriat, professeur de sciences économiques à l’Université Paris 13 et co-président du collectif des Économistes Atterrés, Alexandra Roulet, économiste et professeur à l’université de Harvard tentent de répondre brièvement à ces questions.

Voici une brève synthèse de ce qui a été dit pendant l’émission et qui peut vous intéresser pour les concours :

Quels sont les principaux changements en France  au premier janvier 2016 ?

  • Des hausses des prix
  • Des hausses de taxes dans de nombreux secteurs
  • Instauration de la prime d’activité
  • Baisse de l’impôt sur le revenu
  • Complémentaire santé qui devient obligatoire (important pour les salariés des TPE)

En rapport avec les chapitres sur le chômage et les politiques de l’emploi 

Dans ses vœux pour la nouvelle année 2016, le président F. Hollande a déclaré « le chômage reste ma première priorité», que penser de cette déclaration ?

Les intervenants s’accordent sur le fait que l’on  attendait une annonce du président à ce sujet étant donné la situation très mauvaise de la France sur la question du chômage, ils sont satisfaits que la question de l’apprentissage ait été soulevée, car des travailleurs mieux formés pourraient permettre d’accroitre la productivité des entreprises (et une hausse de la productivité pourrait permettre d’élever la croissance), cependant ils se demandent quel pourrait être le but d’une réforme sur l’apprentissage. Ce pourrait être pour diminuer les chiffres du chômage par exemple, car les personnes  qui sont en apprentissage ne sont pas comptabilisés comme chômeurs, de plus, la question du financement de ces apprentis n’a pas été soulevée, on ne sait pas comment cela va être financé. Réellement, ces trois personnes attendent plus que des déclarations, ils veulent des actes, du concret dans les semaines qui viennent.  Ainsi, le gouvernement français va devoir prendre une décision importante : accepter de financer ces formations en apprentissage en espérant une amélioration de la productivité ou rester dans la situation actuelle.

Les politiques de l’emploi sont-elles efficaces en France ?

Concernant les politiques de l’emploi, un constat important a été fait : ces politiques sont essoufflées, il faut maintenant de l’innovation, de l’imagination et la créativité pour faire baisser le chômage. Il existe deux types de politiques qui présentent toutes deux des limites : on peut décider de  flexibiliser le travail pour faciliter l’embauche  mais cela va créer de la précarité ou on peut décider  d’augmenter le SMIC mais cela  va créer de la rigidité sur le marché du travail qui va décourager les entreprises à embaucher. Il est clair pour les intervenants que les politiques menées jusqu’ici d’inspiration largement néoclassique (flexibilisation du travail, abaissement du coût du travail) n’ont pas eu les effets escomptés sur le chômage et n’ont pas permis de relancer l’investissement. 

En rapport avec le chapitre sur l’Union Européenne :

Il faudrait voir dans la menace du Brexit une opportunité pour déterminer les bases d’une nouvelle politique européenne car on voit bien que le discours européen n’est plus un discours porteur pas seulement au Royaume-Uni, il faudrait utiliser le fait que le Royaume Uni rediscute ses conditions pour avancer dans l’union européenne.

Les britanniques veulent profiter de cette opposition  pour modifier les termes de la  gouvernance européenne : ils sont en dehors de l’euro tout en voulant voir ce qu’il se passe dans la zone euro. Pour les négociations,  les Britanniques ont mis la barre extrêmement haute car leurs deux exigences sont :

  1. Gérer l’euro alors qu’ils en sont à l’extérieur
  2. Ne pas faire  bénéficier les nouveaux migrants  des  prestations sociales

Ces exigences sont bien trop hautes pour être acceptées, il ne faut pas forcément rejeter l’idée d’une sortie de l’Union Européenne du Royaume Uni car on ne sait pas quels changements elle pourrait entrainer, peut être que ceux-ci seront minimes.

Enfin, durant l’année 2016 il pourrait y avoir une redistribution des cartes politiques car il y a eu beaucoup de changements durant l’année 2015 comme par exemple en Espagne, avec le succès croissant de PODEMOS. On peut donc s’interroger sur le futur de l’Union Européenne.

Quelles perspectives de croissance pour 2016 ?

Christine Lagarde, la directrice du FMI  a été plutôt pessimiste dans ses prévisions sur la croissance 2016, elle prévoit :

  • Un net ralentissement du commerce
  • Des effets négatifs dus à un relèvement des taux d’intérêt américains (notamment sur les pays émergents qui ont contracté des dettes en dollars)
  • Une fragilité du système financier à cause de la place croissante du « shadow banking system »
  • Un ralentissement de la conjoncture en Chine

Selon la directrice du FMI, la croissance de 2016 sera une croissance « décevante et inégale ». Concernant l’augmentation des taux d’intérêt de la FED, tout un camp d’économistes (ex Krugman & Summers) soutient qu’il vaut mieux se tromper en les augmentant trop tard plutôt que trop tôt. En effet nous sommes dans un monde de stagnation séculaire dans lequel  les taux d’intérêt naturels sont bas. Le risque d’augmenter trop tôt les taux, c’est le risque de refaire passer l’économie américaine en récession et si cela se produit, on ne peut pourra plus baisser de façon significative  les taux  car la marge de manœuvre est dorénavant  faible. Selon les intervenants, si on laisse les tendances qui sont à l’œuvre se développer ces prévisions sur la croissance risquent de se réaliser.

Vous pouvez en savoir  plus sur http://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/021587470008-fmi-lagarde-exprime-ses-craintes-sur-la-croissance-mondiale-en-2016-1188402.php?1Ux31VejSe1728l8.99