Pour préparer les épreuves orales, Major-Prépa et les éditions Sonorilon prolongent leur partenariat et vous permettent cette fois-ci de découvrir des plans de sujets tombés à HEC.

Les références présentées dans ce plan détaillé sont issues de L’essentiel de l’histoire économique et de 1000 idées économiques.

Définition de l’entrepreneur (Capitalisme, socialisme et démocratie, Schumpeter) :

  1. Économiquement : une mentalité et un comportement spécifiques : innovateur qui « nage à contre-courant » et révolutionne les structures économiques, ce qui fait de lui un acteur du cycle économique ; sa motivation est liée au profit qui rémunère son risque (cf. Cantillon : l’entrepreneur est l’agent dont l’activité est fondamentalement soumise au risque économique : ses coûts sont certains tandis que ses profits sont incertains (Essai sur la nature du commerce en général)) ;
  2. Sociologiquement : l’entrepreneur est le champion de la bourgeoisie, laquelle ne survit que grâce à lui, dont les qualités supérieures – telles que l’inventivité, l’énergie, la volonté, etc. – permettent de remporter la lutte des classe.

Problématisation :

  1. attention : pas le XXIe siècle (ne pas parler de Snapchat !) ;
  2. phénomène des start-up né à partir des années 1970 : Microsoft (1974), Apple (1976), Yahoo et Amazon (1994), Google (1998) ;
  3. retour en force de la figure de l’entrepreneur à partir de la moitié des années 2000 (ex : création de Facebook en 2004) ;
  4. la connotation positive du « rôle » de l’entrepreneur est à opposer au préjugé négatif qui était attaché à l’entrepreneur (synonyme de chômeur déguisé) avant les Trente Glorieuses.

Proposition de plan :

I – L’entrepreneur au cœur de la révolution industrielle

1) Le couple entrepreneur-banquier dans la dynamique du capitalisme

a) Théorie de l’évolution économique (1912) et Business Cycle de Schumpeter

– But de l’entrepreneur : innovation –> profit –> rente de monopole

– Fonction du banquier : financer l’innovation et partager le risque

b) Entrepreneur impulse la révolution de la production : naissance au XIXe siècle du factory system qui concentre le capital fixe dans les fabriques, spécialisation, approvisionnement par le marché plutôt qu’autoconsommation.

2) La constitution d’empires garantie par des changements institutionnels

a) Changements institutionnels qui permettent ces succès entrepreneuriaux

– Le marché n’est pas un phénomène qui émerge spontanément, il est au contraire une réalité instituée historiquement par l’État à travers des lois et des règlements (La Grande transformation, Karl Polanyi).

– La croissance économique ne repose pas principalement sur des secteurs moteurs (tels que les chemins de fer pendant la révolution industrielle), mais essentiellement sur les institutions, c’est-à-dire l’ensemble des règles de l’économie (le droit de propriété, notamment) et les organisations chargées de les faire respecter (Institutions, changement institutionnel et performance économique, 1990, Douglas North).

– Après l’institution du Statute of Monopolies en 1623 (première forme de garantie de la propriété intellectuelle), Richard ARKWRIGHT fait breveter le Waterframe en 1768 ;

– L’historien Paul MANTOUX (Histoire de la révolution industrielle au XVIIIe siècle) décrit « cette fortune acquise en peu d’années, ce succès sans précédent d’un homme parti de rien » en précisant bien que « ce n’est pas un inventeur : il a tout au plus arrangé, combiné et utilisé les inventions d’autrui » mais pour cela : « il lui fallut un talent remarquable d’homme d’affaires, un mélange singulier d’habileté, de persévérance et d’audace » ;

– Expression de « robber baron » (barons voleurs) à la fin du XIXe siècle qui exprime le reproche fait à certains entrepreneurs de s’être alliés pour acquérir un pouvoir de marché très important : la Standard Oil de Rockefeller détient alors 90 % du marché du pétrole aux États-Unis, elle est donc price maker quand dans la CPP (Concurrence Pure et Parfaite) chaque acteur est censé être price taker

II – L’effacement de la figure de l’entrepreneur au profit du manager et du financier

1) Bureaucratisation de la firme et capitalisme managérial

– accroissement de la taille des firmes dans les années 1880 aux EUA et en Allemagne du fait de la concentration industrielle ;

– les managers, « organisateurs du travail des autres » (Alfred MARSHALL), prennent alors la place des entrepreneurs : « main invisible des managers » (Alfred CHANDLER) qui façonne l’économie à partir de la Grande Dépression (1873–1896) (ex : Alfred SLOAN, PDG de General Motors) ;

– développement du phénomène bureaucratique : la bureaucratie est pour Crozier foncièrement inefficace parce que la multiplication et l’empilement des règles incitent les acteurs à les manipuler à leur profit et empêchent les organisations d’apprendre de leurs erreurs (Le Phénomène bureaucratique).

2) Le rôle du financier dans la gouvernance d’entreprise

– nouvelle gouvernance qui sert prioritairement les intérêts des actionnaires : la théorie de l’agence (JENSEN et MECKLING, 1976) dit que l’actionnaire est le donneur d’ordre tandis que le manager est l’agent ;

– conflit probable entre les deux parce qu’ils n’ont pas les mêmes objectifs (la maximisation du profit pour le premier, la maximisation du chiffre d’affaires pour le second) (The modern Corporation and private property, 1932, BERLE et MEANS) ;

– gouvernance dite « shareholder » conduit à des « licenciements boursiers » (expression d’Alain BOCQUET (membre du PCF) en 2001 à propos de l’annonce de Danone de la suppression de 1780 emplois dans le monde alors que l’entreprise faisait des bénéfices).

III – Fin du XXe siècle : retour de la figure de l’entrepreneur schumpétérien

1) Le grand retour de l’entrepreneur

a) Aux Etats-Unis :

– Viré d’Apple en 1985, Steve JOBS revient en 1998 après avoir fondé/développé PIXAR et NEXT Computers ;

– Larry PAGE et Sergey BRIN fondent le monstre Google (devenu Alphabet) en 1998, valorisé aujourd’hui autour de 550 milliards de dollars ;

– ensuite Elon MUSK…

b) en France :

– constitution d’empires comme Louis Vuitton (Bernard Arnault) ou Kering (ex-PPR, de François Pinault) dans les années 1980 ;

– glorification paradoxale de l’entrepreneur pendant le second mandat de François Mitterrand (cf. les « années fric » avec par exemple la figure de Bernard Tapie, qui fut assez peu un innovateur…)

2) Prépare une révolution économique

– La révolution numérique consacre le règne de milliards d’individus désormais instruits, équipés et connectés qui forment ensemble une puissante multitude qui bouleverse l’ancien ordre économique et social (L’âge de la multitude : Entreprendre et gouverner après la révolution numérique, Colin et Verdier)

– Grâce à la puissance du logiciel, les entreprises innovantes de la Silicon Valley parviennent à remettre en cause et à contourner les structures établies des industries les plus importantes (Pourquoi le logiciel est en train de manger le monde, 2011, Marc ANDREESEN).

Arnaud LABOSSIERE


Passé par HEC, Arnaud Labossière enseigne l’économie en classe préparatoire et sur Livementor. Il est l’auteur du manuel L’Essentiel de l’histoire économique (éd. Sonorilon), qui compte parmi les ouvrages les plus vendus de la catégorie. Il y analyse chacune des parties du programme d’ESH sous un angle à la fois historique et théorique, en distinguant pour chaque chapitre le XIXe siècle, le XXe siècle et l’actualité récente. Le manuel est structuré en paragraphes « prêts à l’emploi » pour la dissertation avec des couples théorie-exemple.

Arnaud Labossière est également le créateur de l’application KHUUBE, qui permet de ficher automatiquement ses cours.

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