Capitole

La récente invasion du Capitole risque de faire parler d’elle pendant longtemps. Elle restera à coup sûr comme l’évènement marquant de la fin du mandat de Donald Trump. Il convient donc de revenir un peu sur les faits et d’analyser ce qu’il s’est passé.

Rappel des faits

L’assaut du Capitole par des milliers d’émeutiers a eu lieu à Washington D.C. le 6 janvier 2021, après l’incitation du président sortant Donald Trump, pour tenter de bloquer la certification des résultats du vote du collège électoral de l’élection présidentielle, alors que le Congrès est réuni au Capitole pour effectuer cette étape finale du processus électoral.

En marge d’une manifestation pro-Trump, ce dernier prononce un discours appelant à marcher sur le Capitole où a lieu la procédure de certification de la victoire de Biden. D’abord un temps stationnée devant l’entrée du bâtiment, la foule réussit à passer facilement les forces de l’ordre, trop peu nombreuses et mal préparées (malgré les inquiétudes vis-à-vis de cette manifestation), et entre par effraction. Le Congrès est en session à ce moment-là. Plusieurs bâtiments du complexe sont alors évacués tandis que les émeutiers franchissent les dispositifs de sécurité du Capitole, investissant salles et bureaux et se livrant à des saccages et à des pillages. Quatre émeutiers perdent la vie et un policier est tué au milieu du chaos. L’invasion ne prendra véritablement fin qu’après l’arrivée de la Garde nationale (branche de l’US Army, mobilisable par les États en cas de fort trouble de l’ordre public) sur place. La confirmation de l’élection de Biden se finit dans la nuit.

Cet événement, unique dans l’histoire des États-Unis, fait rapidement l’effet d’une onde de choc dans les classes politiques du monde entier, cette intrusion étant considérée par certains comme une « tentative de coup d’État ». En revanche, 45 % des électeurs républicains seraient favorables à l’assaut du Capitole, selon un sondage de l’institut YouGov publié le lendemain.

Trois conséquences directes de cet évènement sont à retenir. Tout d’abord, en vue de la journée d’investiture de Joe Biden le 20 janvier 2021, Washington s’est transformée en ville retranchée avec un grand nombre de militaires dans les rues. L’inquiétude concernant la sécurité de cette journée d’investiture est palpable.

Ensuite, plusieurs parlementaires démocrates ont envisagé de lancer le 11 janvier une procédure d’impeachment à l’encontre de Donald Trump. Cette procédure est seulement symbolique, à quelques jours de la fin de son mandat, mais pourrait aussi éviter qu’il se présente à nouveau aux élections présidentielles. Au final, le 13 janvier, le président Trump devient le premier président du pays à subir deux procédures d’impeachment, les parlementaires estimant que le président a incité à l’insurrection.

Enfin, dès le lendemain de l’insurrection, Twitter, Facebook et tous les autres réseaux sociaux où Trump était présent ont conjointement décidé de fermer ses comptes. Ceci amène à se poser beaucoup de questions sur le rôle qu’ont à jouer les « Tech Giants » sur la régulation de la parole publique.

Le grand perdant dans l’histoire : le Parti républicain ?

À première vue, il s’agit du grand perdant de cet évènement, hormis Trump lui-même bien sûr, qui par ses incitations et son soutien aux émeutiers a perdu toute légitimité dans une grande partie de la classe politique américaine comme chez ses propres supporters. En effet, ce sont des sympathisants du Parti républicain qui sont les auteurs de l’invasion, et les démocrates sauront à coup sûr s’en servir à l’avenir pour discréditer leur opposition à la politique de Biden. Cette perte de légitimité et de crédibilité vient s’ajouter à la perte des élections sénatoriales, alors que la Géorgie a amené un peu plus tôt la majorité aux démocrates au Sénat. Une claque qui annonce quatre ans de perdus pour le parti, qui devra donc se réinventer. Mais cela s’annonce ardu au vu du grand nombre de partisans pro-Trump en son sein.

Mais en même temps, cette invasion ne dessert pas forcément les ténors républicains, qui ont maintenant une bonne excuse pour pouvoir se détacher de Trump. On peut de fait voir cet événement comme un accélérateur d’une tendance : les membres de l’establishment républicain avaient déjà commencé à mettre fin à leur alliance de circonstance (qui n’était pas idéologique) avec Trump.

D’ailleurs, plusieurs membres de son gouvernement et hauts fonctionnaires ont démissionné dans la foulée : Elaine Chao, la ministre des Transports, Betsy DeVos, la ministre de l’Éducation, Mick Mulvaney, l’émissaire des États-Unis en Irlande du Nord, Stephanie Grisham, la porte-parole de la première dame Melania Trump (et ancienne porte-parole de la Maison-Blanche), ainsi que Matthew Pottinger, le conseiller adjoint à la sécurité nationale. Cette vague de départ isole encore un peu plus Donald Trump, désormais bien seul.

Mais quid de Trump ? Suite à ces évènements, il apparaît comme quasi certain qu’il n’aura plus d’alliés et d’amis politiques une fois qu’il ne sera plus au pouvoir. Toutefois, son courant de pensée va lui perdurer, à en croire ses scores à l’élection présidentielle et sa forte popularité chez ses partisans. Une sorte de trumpisme sans Trump au final.

C’est d’ailleurs là tout le problème pour le Parti républicain désormais : il ne peut plus soutenir Donald Trump, mais ne peut pas non plus renier le trumpisme et revenir à une position ancienne, celle qu’une partie importante de ses électeurs déteste et qui consiste à cautionner le “système”. Affaire à suivre.

Le rôle de Twitter, Facebook et des grands réseaux sociaux dans la régulation du débat public

L’autre aspect qui prête à réflexion dans cette affaire est la décision des réseaux sociaux de fermer conjointement les comptes du président Trump. Cette décision controversée avait pour but de montrer que ces plateformes ne pouvaient plus cautionner de telles prises de parole, menant à de la désinformation ou à la violence. Mais est-ce vraiment leur rôle de procéder à de telles décisions ?

Deux points de vue s’affrontent donc. Le premier consiste à affirmer que les réseaux Facebook et Twitter, étant des entreprises privées, font ce qu’ils veulent quant à leurs règles et ont tout à fait le droit de bloquer certains messages s’ils ne correspondent pas à leur politique. Le second met lui en avant le fait qu’étant donné la place dans le débat public de ces entreprises, ce serait contrevenir à la liberté d’expression garantie par le 1er amendement de la Constitution des États-Unis que d’agir de la sorte. Il s’agirait aussi d’une prise de parti qui contrevient à leur modèle qui consistait à pouvoir s’exprimer librement.

En tout cas, en agissant de la sorte, ces entreprises s’exposent désormais à d’autres demandes de fermeture de compte sur tel ou tel personnage controversé, ce qu’elles pourront difficilement refuser. Leur modèle initial défendant la neutralité de la parole serait alors complètement chamboulé.

Mais on peut aussi voir cette décision comme une stratégie pour s’octroyer la confiance et la clémence du parti démocrate désormais au pouvoir aux USA, très enclin à une forte régulation des GAFA.

Comment en parler en anglais ?

La description des évènements : “A storming of the Capitol building by a mob urged and praised by Trump.

Les conséquences directes :

  • Strong worries concerning the security of the Inauguration’s Day on January, 20th.
  • A new impeachment process has been launched by The House of Representative controlled by the Democrats and their Speaker Nancy Pelosi against President Trump so that he won’t be able to run for presidency again.”
  • Social networks such as Facebook or Twitter have decided to close President Trump’s accounts.

Sur les conséquences pour le Parti républicain : The Republican Party seems to be the great looser of this event, as it is loosing credibility and legitimacy in the next political oppositions against leading Democrats. However it offers them the possibility to get rid of Donald Trump. Anyway it would be a big mistake for the Party to completely reject his anti-system philosophy.

Sur le débat concernant la régulation de la parole publique sur les réseaux sociaux : Big tech giants have the right to chose their own intern rules. But their choice begs questions about freedom of speech’s right.