Parade militaire géopolitique Guinée

Tu as sans doute entendu parler du bouleversement politique qui a eu lieu il y a quelque temps en Guinée. Si ce n’est pas le cas, ou si tu n’as pas pu te renseigner davantage sur les derniers événements en date, on décrypte tout ça ensemble ! Au menu : une petite fiche pays, un peu d’histoire, le détail des événements du 5 septembre, mais aussi d’autres exemples pour briller en géopolitique. Retrouve un de nos récents résumés de l’actualité en géopolitique pour la prépa ECG en cliquant ici. Bonne lecture !

La Guinée, un exemple pertinent à insérer dans tes dissertations de géopolitique !

La Guinée est un pays d’Afrique de l’Ouest, un pays qu’il est bon de connaître pour enrichir ses dissertations de géopolitique sur l’Afrique, et il l’est d’autant plus au vu des événements récents.

Voici une petite fiche sur le pays, les éléments principaux à connaître en prépa ECG :

  • la Guinée est un pays à très grande majorité musulmane (85 % de la population du pays est de confession musulmane) ;
  • comme la plupart des pays d’Afrique, la population guinéenne est hétéroclite : très grande diversité culturelle, plusieurs groupes ethniques, plus d’une vingtaine de langues parlées ;
  • le pays est parmi les plus gros producteurs de bauxite au monde et dispose du tiers des réserves de bauxite au monde ;
  • le secteur agricole emploie plus de 75 % de la population active (24 % du PIB) ;
  • le pays compte 1 300 cours d’eau, on le surnomme : le « château d’eau de l’Afrique » ;
  • une des caractéristiques du pays est sa forte dépendance énergétique, il importe la totalité de sa consommation d’hydrocarbures ;
  • l’espérance de vie y est de 62 ans ! Rappelons que l’espérance de vie en moyenne dans le monde est de 71,4 ans (chiffres 2019) ;
  • 21,26 % de la population guinéenne vit en dessous du « seuil international de pauvreté » (fixé à 1,90 $/jour).

Tu peux utiliser les informations ci-dessus si tu es amené à traiter des sujets abordant la question de la pauvreté en Afrique, la prédominance du secteur agricole dans l’économie des pays africains, ou encore la richesse du sol africain contrastant avec la pauvreté qui y règne ( « La malédiction des matières premières » de Richard Auty). Retrouve tous nos conseils pour faire une bonne étude de cas en dissertation de géopolitique en prépa ECG en cliquant ici.

Un peu d’Histoire… jamais de trop en prépa ECG !

Instabilité politique chronique dès ses débuts…

Ancienne colonie française, le pays accède à l’indépendance le 2 octobre 1958, et c’est Ahmed Sékou Touré qui en devient le président. À la mort de ce dernier, un gouvernement intérimaire est constitué : il sera très vite renversé par Lansana Conté. C’est lui-même qui introduit le multipartisme en 1990 et organise des élections. Il est d’ailleurs réélu par trois fois à la présidence, en 1993, en 1998 et en 2003 lors de scrutins contestés. Sa présidence, considérée comme illégitime, était contestée, en témoignent les nombreuses tentatives d’assassinat, de renversement, ainsi que les mouvements populaires (en 2007, une grève générale est organisée et est réprimée dans le sang). Il demeure président jusqu’à sa mort en 2008.

À la suite de l’annonce du décès de Lansana Conté, des dignitaires de l’armée s’emparent du pouvoir et annoncent la dissolution du gouvernement ainsi que la suspension de la constitution (ces événements ne sont pas sans rappeler les événements récents). C’est ainsi que le capitaine Moussa Dadis Camara devint le troisième président de la République de Guinée. Une fois arrivé au pouvoir, le nouveau président affirme que ce nouveau régime est provisoire et qu’aucun membre de la junte ne se présentera aux élections présidentielles prévues pour 2010. Pourtant, très vite, il commence à afficher ses ambitions politiques, décevant les espoirs d’une transition démocratique pacifique. En 2009, une manifestation pacifique est organisée : les militaires ouvrent le feu sur les manifestants bloqués dans le stade de Conakry (la capitale). Le bilan de ce massacre est accablant : 150 morts et une centaine de femmes violées.

C’est dans ce climat de tension qu’est enfin décidée la transition, et c’est Sékouba qui devient président avec la promesse d’organiser des élections libres et transparentes dans les six mois. Et c’est un succès, puisque pour la première fois, des élections libres et transparentes sont organisées sans qu’aucun militaire ne se soit porté candidat. C’est ainsi qu’Alpha Condé est devenu le premier président démocratiquement élu.

Alpha Condé : entre espoirs de démocratie et dérives autoritaires

Après avoir été élu une première fois en 2010, Alpha Condé est de nouveau élu en 2015. En 2020, attaché à son poste présidentiel qu’il occupe depuis alors 10 ans, Alpha Condé décide de modifier la constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat, en dépit du rejet d’une très grande partie de la population qui avait vu en Alpha Condé le porte-étendard d’une démocratie saine et transparente. Sans surprise, en octobre 2020, il est de nouveau élu président (l’opposition dénonce des élections truquées et déplore le faible taux de participation). L’histoire d’Alpha Condé est celle d’un revirement assez intéressant. Puisque cet homme, qui fut jadis un grand opposant au régime autoritaire de Lansana Conté, au point de finir emprisonné et de risquer la peine de mort, a lui-même fini par succomber à l’ivresse du pouvoir. Il a organisé un « coup d’État constitutionnel » et réprimé les manifestations.

Le bouleversement politique du 5 septembre 2021

Le coup d’État

Le dimanche 5 septembre 2021, le président est arrêté par les forces spéciales guinéennes qui ont pris d’assaut le palais présidentiel à Conakry. La même journée, le colonel Mamady Doumbouya s’est exprimé : il a affirmé la chute du président et a assuré que ce dernier était bel et bien vivant.

Voici ses mots : « Nous avons décidé […] de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions, nous avons décidé aussi de dissoudre le gouvernement et la fermeture des frontières terrestres et aériennes. »

Des scènes de liesse ont pu être filmées dans tout le pays : signe que « l’ère Condé » était loin de satisfaire les espoirs de démocratie des premiers jours. Mais malgré cela, le déroulement des événements de la journée du 5 septembre n’est pas sans rappeler les différents coups d’État qui ont été perpétrés depuis l’indépendance du pays en 1958. La Guinée, et de manière plus générale l’Afrique, n’en a toujours pas fini avec sa longue tradition des coups d’État (en témoignent les autres coups d’État au Mali en 2020 et au Tchad plus récemment).

Considérant le lourd passif du pays avec les coups d’État, on peut légitimement se demander si une transition démocratique durable est possible ; si la corruption qui gangrène la sphère politique pourra un jour être éradiquée. Question légitime, quand on sait que l’une des grandes caractéristiques de la plupart des dirigeants africains est leur attachement au fauteuil présidentiel qu’ils tentent de conserver par tous les moyens par ivresse du pouvoir.

Quoi qu’il en soit, voici les paroles de M. Doumbouya citant le président ghanéen Jerry Rawlings : « Si le peuple est écrasé par ses élites, il revient à l’armée de rendre au peuple sa liberté. » Pour lui, il est clair que l’armée est la seule capable de garantir la démocratie dans le pays et « mettre fin au mal guinéen ». D’ailleurs, M. Doumbouya a prêté serment en tant que président de la transition. Ce faisant, il devient le garant de la transition démocratique et se veut rassurant aussi bien à l’égard de son peuple qu’envers les pays étrangers ayant condamné sa prise de pouvoir.  

Les réactions sur la scène internationale

La CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) a condamné la prise de pouvoir par la force, la France a de la même manière demandé le retour à « l’ordre constitutionnel » ainsi que la libération du président toujours captif. L’Union africaine a, de son côté, annoncé la suspension de la Guinée de ses instances.

Même si sur la scène internationale, le putsch est généralement dénoncé et condamné, il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, c’est Mamady Doumbouya qui représente les espoirs du peuple guinéen, peut-être ne reproduira-t-il pas le même schéma que son prédécesseur…

Deux autres exemples pertinents pour briller à l’écrit comme à l’oral en HGGMC !

Si je ne t’ai pas trop assommé avec le cas guinéen, laisse-moi rapidement te faire un topo sur ce qui s’est passé au Mali et au Tchad, histoire que tu puisses avoir d’autres exemples sous le coude en colle ou en dissertation de géopolitique.

Le cas du Mali : une étude de cas idéale en dissertation de géopolitique

Cela fait maintenant plus d’un an que le président Ibrahim Boubacar Keïta a été destitué. Le coup d’État est intervenu dans un contexte social déjà explosif : le pouvoir du président était contesté par la population qui descendait dans les rues pour manifester. Un an après le coup d’État, force est de constater que rien n’a véritablement changé dans le pays : insécurité, militaires aux postes de décision, pas de retour à la démocratie…

Par ailleurs, en plus du coup d’État perpétré il y a plus d’un an, qui a vu Bah N’Daw devenir président de la transition, un second putsch a provoqué la chute de ce dernier il y a quelques mois. Aujourd’hui, le nouveau président de la transition est Assimi Goïta. Ce dernier prend les rênes de la transition d’un pays en crise, et qui plus est, en proie au terrorisme depuis maintenant plusieurs années. En effet, le pays est depuis longtemps plongé dans une situation d’instabilité politique (ces putschs successifs ne sont pas les premiers), or aujourd’hui, nous assistons à un « jeu de chaises musicales » qui risque d’enliser davantage le pays dans la crise.

Malgré les affirmations du nouveau président de la transition, l’organisation de futures élections est encore floue, malgré la pression internationale pour un retour de la stabilité (le pays était déjà sous le coup de sanctions économiques et suspendu de la CEDEAO).

La situation géopolitique au Tchad

Cette année est mort Idriss Déby, président du Tchad. Il a régné sans partage sur ce pays pendant plus de 30 ans. Le pays a dû faire face, à l’instar de la Guinée, à une instabilité politique chronique dès son indépendance en 1960. Guerre civile, rébellion, coups d’État, terrorisme… la liste est encore longue. Et la situation ne s’est pas améliorée avec l’arrivée d’Idriss Déby à la tête du pays. Puisqu’en effet, il est arrivé au pouvoir par la force en 1990, puis a très vite organisé la répression de ses opposants et détracteurs, en bref : il était à l’origine d’une dictature maculée de sang.

Peu de temps après sa mort, une junte militaire a pris le pouvoir et placé aux rênes du pays un des fils du défunt président: Mahamat Déby. L’Union africaine n’a eu de cesse d’exhorter le conseil militaire dirigeant à organiser une réelle transition démocratique. Après l’arrivée en force du fils Déby, les manifestations se sont faites plus nombreuses et ont été violemment réprimées, les rassemblements ont rapidement été limités et pour couronner le tout, Mahamat Déby s’est octroyé les pleins pouvoirs.

Voici un autre exemple pertinent à insérer dans tes copies : le cas du Soudan.

Te voilà arrivé au bout ! J’espère que cette lecture aura été instructive ! Garde en tête que l’Afrique est un vaste continent et qu’il y a encore beaucoup à dire à son sujet. Toutefois, les exemples évoqués plus haut sont assez révélateurs de la tendance politique générale en Afrique ; tu peux les évoquer lorsque tu parles de la corruption, de l’instabilité politique qui freine le développement d’un grand nombre de pays africains, ou encore si tu as des colles plus précises sur les coups d’État par exemple…

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