eau

Une sous-partie ou une étude de cas sur la thématique de l’eau peut facilement se retrouver dans différents sujets. C’est ce que je vais te détailler dans cet article. Quelle étude de cas ou sous-partie sur l’eau peut être pertinente à introduire selon le sujet ? Il est en effet valorisé d’introduire une étude de cas dans ta copie, à condition que celle-ci soit bien évidemment pertinente et complète.

Introduction

Le lac Tuz, deuxième plus grand lac de Turquie, ne cesse de diminuer en raison du changement climatique et de l’agriculture intensive. Ce lac n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Le rapport du GIEC de 2021 est tout aussi alarmiste sur la disponibilité de l’eau. Les scientifiques espèrent que le Forum mondial de l’eau à Dakar en mars 2022 permettra d’introduire plus de gouvernance mondiale quant à la gestion de l’eau, avec l’introduction de structures, d’institutions…

L’eau, ressource vitale et essentielle, est une denrée rare, à défaut de l’appellation de notre planète, la « planète bleue ». Avec seulement 2,6 % d’eau douce, cette dernière est en plus de cela inégalement répartie sur la planète et implique de multiples usages. Face à l’accroissement de la population, les tensions continuent de s’alimenter. Les défis sont donc nombreux et touchent de multiples domaines : défi de la soif pour certaines populations, augmentation des conflits d’usages, des conflits entre États et des conflits asymétriques, phénomène d’accaparement de l’eau, réchauffement climatique, défi pour l’agriculture…

Le cas du Moyen-Orient

Dans un sujet concernant le Moyen-Orient, une étude de cas d’un conflit sur l’eau entre pays riverains est pertinente. En effet, si tu es dans un sujet qui concerne la région du Moyen-Orient, confrontée à des conflits, une « poudrière » qui est face à l’impossible partage de ressources convoitées, il est indispensable d’avoir des exemples précis. Ici, le cas de la ressource de l’eau permet de faire une étude de cas complète.

Prenons le cas suivant : dans une partie sur la région conflictogène, une sous-partie sur les ressources qui deviennent des convoitises et qui sont donc à l’origine de nombreux conflits est attendue. Ces tensions sont d’autant plus vives, voire explosives, dans les régions où cette ressource se fait rare. Dans cette partie, il est possible (et judicieux) de faire une étude de cas sur les problèmes liés au partage de l’eau entre la Turquie, l’Irak et la Syrie.

L’étude de cas peut se présenter de cette manière

L’eau, ressource rare et précieuse, peut être au centre des conflits au Moyen-Orient, région aride et semi-aride. En effet, les problèmes liés au partage de l’eau du Tigre et de l’Euphrate expliquent les conflits entre la Turquie, l’Irak et la Syrie. La Turquie a entamé la construction de barrages dans le cadre de son projet du GAP (Great Anatolian Project). Ces barrages réduisent drastiquement le débit de l’eau du Tigre et de l’Euphrate en Syrie et en Irak, ce qui menace les populations d’une privation d’eau et d’électricité.

Ces derniers mois, le débit a tellement baissé qu’il rend les équipements de pompage et les canalisations non opérationnels. Rejetant la faute sur le changement climatique, la Turquie semble avoir sa part de responsabilité, certains l’accusant d’utiliser l’eau comme une arme politique. L’État turc utilise les deux fleuves comme une arme contre les deux peuples irakiens et syriens, afin d’engendrer un déplacement de population, dont les Kurdes en sont les plus grandes victimes. Ainsi, l’eau peut devenir une arme dont les États s’emparent pour imposer leur pouvoir dans une région conflictuelle.

Le cas de l’Afrique

Sur un sujet qui traiterait de L’Afrique et de ses défis, une sous-partie sur l’eau est indispensable et attendue puisqu’elle est un défi majeur pour le continent. Un de ces défis de l’Afrique subsaharienne est la maîtrise de l’eau. En effet, l’Afrique possède seulement 9 % des ressources mondiales en eau douce pour 17 % de la population mondiale. Cette inégale répartition, aussi bien mondiale que continentale, est à l’origine du sous-développement du continent africain. Il s’agit donc d’un défi majeur pour l’Afrique.

L’eau est, sur le continent africain, inégalement répartie.14 pays sont menacés d’une grave pénurie, un Africain sur deux est obligé de parcourir chaque jour dix kilomètres pour aller chercher l’eau dont il a besoin. Malgré les tentatives de répartition plus équitable de l’eau, à l’instar de l’Initiative du bassin du Nil en 1999 pour un meilleur partage entre les dix États du bassin, l’eau reste un facteur de sous-développement. Pour autant, l’eau présente différents défis en Afrique : apporter des solutions pérennes pour la desserte en eau et son assainissement, améliorer la qualité de l’eau, développer des mesures d’hygiène souvent ignorées par les populations qui entraînent par ailleurs de nombreuses maladies (diarrhée, choléra)…

La gestion de l’eau apparaît comme un enjeu politique, mais aussi géoéconomique et géostratégique. En effet, le continent africain connaît un développement économique important, un boom démographique et une urbanisation galopante. L’urbanisation s’accélère de 4 % par an et la population africaine ne cesse d’augmenter : deux milliards en 2050. Il semble donc que les besoins en eau seront considérables dans tous les domaines.

Sécurité nationale et eau : un enjeu de puissance ?

L’eau peut en effet devenir une question de souveraineté. Les États cherchent à s’approprier cette ressource pour leur sécurité nationale et pour imposer leur souveraineté, déclenchant nombre de conflits. C’est le cas du Nil et du barrage de la Renaissance entrepris par l’Éthiopie, réduisant le débit d’eau du fleuve pour les pays en aval, à savoir principalement le Soudan et l’Égypte.

L’Égypte est en effet dépendante du Nil : il représente 97 % de ses besoins en eau. Le barrage pourrait entraîner une réduction des terres cultivables en Égypte de 67 % par an, si le remplissage se fait en trois à cinq ans. Mais outre cette dimension des ressources hydriques, cette crise s’explique aussi par des enjeux de puissance. L’Égypte, grande puissance économique et militaire de la région, se méfie de l’émergence éthiopienne de ces dernières années.

Avec une croissance économique rapide depuis 2000, l’Éthiopie entreprend la construction d’ouvrages hydroélectriques pour répondre aux besoins de développement économique et pour fournir de l’électricité, même à ses voisins. L’Égypte et dans une moindre mesure le Soudan dénoncent le barrage comme une menace à leurs intérêts vitaux, alors que l’Éthiopie le présente comme d’un intérêt vital. Le barrage devient donc le moyen d’une union nationale, un symbole de développement économique éthiopien.

Coopération et blocage

De chaque côté, les protagonistes développent des traités de coopération avec les pays riverains du Nil, à l’instar de l’Éthiopie, ou se fondent sur des coopérations bilatérales afin d’éviter l’apparition d’un bloc hostile à la main mise du fleuve, à l’instar de l’Égypte. En 2021, les trois pays étaient proches d’un accord, avec 90 % de points déjà réglés mais les 10 % restants demeurent bloqués par la rhétorique souverainiste des trois pays. La souveraineté éthiopienne et le refus d’une dépendance éthiopienne de l’Égypte restent les principaux blocages. Face aux instabilités internes et aux répercussions de la pandémie, l’Égypte et l’Éthiopie continuent de se faire face, laissant présager une guerre de l’eau perdante de tout point de vue.

Il est important de noter que dans la plupart des cas, l’enjeu de l’eau peut agir comme un catalyseur de tensions déjà existantes, et se sommer à d’autres points de tensions dans le cadre d’un conflit.

Le cas de l’agriculture

Dans un sujet sur l’agriculture, une sous-partie sur le défi de l’eau s’y prête à merveille. En effet, la production agricole dépend fortement de l’eau et elle se trouve de plus en plus confrontée à des risques liés à l’eau. L’agriculture est à la fois le plus gros consommateur et pollueur d’eau. La gestion de l’eau est donc pour l’agriculture un défi majeur afin de promouvoir la durabilité de ce secteur.

Les trois usages principaux de l’eau agricole concernent l’irrigation de terres, l’élevage et les plantations forestières. L’irrigation reste le principal défi de nombreux pays, comme c’est le cas des PED. En effet, il s’agirait d’introduire des techniques d’irrigation intelligente (réparer les fuites, introduire des cultures moins consommatrices d’eau, éduquer les populations/agriculteurs). Il s’agit aussi de changer nos habitudes de consommation : aujourd’hui, 3 000 litres d’eau sont utilisés par jour et par personne pour manger. Certaines solutions ont déjà été appréhendées, comme le dessalement de l’eau de mer en Israël ou Jordanie, mais cette technique reste complexe et coûteuse.

Vers une financiarisation de l’eau ?

Un autre aspect sur l’eau qui émerge depuis quelques années est son arrivée sur les marchés financiers. L’eau est, depuis décembre 2020, cotée à la Bourse de Chicago. L’eau est donc devenue un pur produit financier, même si pour l’instant seulement l’eau de Californie en est concernée. Ceci fait craindre certaines ONG d’un « glissement dangereux vers la financiarisation de la nature ». Elles redoutent une spéculation massive et des prix grimpants, ce qui est contraire au droit fondamental d’un accès à l’eau pour tous.

Cette financiarisation peut répondre à une volonté de contrôler l’usage de l’eau. En effet, on observe des phénomènes d’accaparement de l’eau qui répondent à une fin économique. C’est le cas du Chili, où de nombreuses rivières sont mises aux enchères. Elles sont ensuite acquises par des milliardaires qui utilisent les eaux pour irriguer massivement les productions intensives d’avocats. Ce qui a pour conséquence un manque énorme d’eau au Chili. Face à cette main mise de l’ombre, les dirigeants politiques ne peuvent réagir, faute de moyens.

Bonus : les notions et chiffres à savoir en prépa ECG

  • Les seuils de Malin Falkenmark
  1. Vulnérabilité hydrique (entre 1 700 et 10 000 m3/hab./an).
  2. Stress hydrique (entre 1 000 et 1 700 m3/hab./an) : deux milliards de personnes.
  3. Pénurie d’eau (moins de 100 m3/hab./an).
  • « Hydrohégémonie » (Christian Bouquet)
  • « Diagonale de la soif » (du Maghreb à la Chine septentrionale)
  • « Triangle de la soif » (Israël/Palestine/Jordanie)
  • « Downstream complex » : complexe du pays aval
  • Hydrodiplomatie (Fadi Comair) : concept de gouvernance de l’eau par tous les acteurs impliqués à la gestion de l’eau. Il s’agit, via la création d’une coopération régionale, de créer une dynamique de développement économique et social pour les bassins transfrontaliers et d’éviter la militarisation des conflits engendrés par l’eau. Exemple : accord gagnant-gagnant signé entre le Liban, la Turquie et la Syrie pour le bassin du fleuve Oronte.
  • 1 milliard d’individus vivent dans des zones qui font face à des stress hydriques, ils seront 3,5 milliards en 2030.
  • 2,1 milliards d’individus n’ont pas accès à l’eau potable.

Je te renvoie vers cet article pour en savoir plus sur la géopolitique de l’eau en général. Et pour avoir des chiffres clés sur l’eau à recaser dans ta copie, cet article te sera très utile !