géopolitique

Ce n’est un secret pour personne, la dissertation de géopolitique est l’une des épreuves majeures du concours, aussi bien pour la BCE qu’à Ecricome. La plupart des écoles lui attribuent en effet un coefficient de 5, voire de 6 sur 30, soit, en moyenne, plus d’un sixième de la note finale. À HEC et à l’ESSEC, l’épreuve de géopolitique compte donc tout autant que celle de Maths I !

Plus tu vises haut, moins tu as le droit à l’erreur dans cette épreuve. Une note en dessous de la moyenne te fermera très probablement les portes des Parisiennes. Il est donc indispensable de l’aborder de façon méthodique pour pouvoir l’envisager sereinement. Bien sûr, il n’y a pas de recette miracle pour exceller en géopolitique. Même en respectant rigoureusement une bonne méthode, il est possible de rater sa dissertation. Mais avoir une bonne méthode pour aborder cette épreuve et s’y tenir permet tout de même de réduire considérablement le risque de contre-performance. On va voir ensemble comment s’y prendre pour gérer le mieux possible cette épreuve, et en particulier la dissertation.

 

L’importance des documents

Tu le sais sûrement, les sujets de géopolitique au concours comportent généralement quelques documents, et éventuellement une chronologie. Ils sont là pour t’aider à orienter ta réflexion et pour t’indiquer, dans une certaine mesure, quels axes de réflexion sont attendus. Aussi avant même de commencer ton analyse du sujet au brouillon, consacre quelques minutes à la lecture attentive des documents mis à ta disposition. Ils ne sont pas là par hasard et peuvent t’éviter de partir dans la mauvaise direction.

Il faut toutefois faire attention à ne les utiliser qu’avec parcimonie. Le correcteur appréciera peu que tous tes exemples soient tirés de la chronologie et des documents du sujet. Garde à l’esprit qu’il faut te démarquer des autres candidats. Dans cette optique, reprendre des exemples à la disposition de tout le monde est contre-productif. Ce qui ne signifie pas, bien sûr, que tu doives exclure toute utilisation de la chronologie et des documents à titre d’exemple.

Attention également à ne pas trop compter sur la chronologie pour te rappeler les dates importantes. Le jury de l’ESCP ayant peu apprécié la chronologie fleuve de 2015, le sujet de 2016 n’en comportait pas. Et il semblerait que le jury de l’ESSEC ait émis les mêmes réserves sur la chronologie particulièrement dense du sujet de 2016.

 

La gestion du temps

Selon le format de l’épreuve (avec ou sans carte/commentaire de carte), tu peux gérer ton temps différemment. Dans tous les cas, commence par consacrer environ une heure à la réflexion (analyse des termes du sujet et élaboration du plan détaillé) et à la rédaction de l’introduction (au propre). C’est là que tu joues l’essentiel de ta note. Les correcteurs accordent en effet énormément d’importance à la qualité des introductions et à la réflexion (plus qu’aux exemples où à la qualité de l’argumentation). Ce qui ne veut bien sûr pas dire qu’une excellente réflexion autorise une argumentation indigente ou l’absence d’exemple. Pour le sujet Ecricome sans commentaire de carte ou le sujet ESSEC, il peut être bon d’y consacrer plus de temps, entre une et deux heures, mais jamais plus. Tu dois te laisser le temps de rédiger ton développement.

Si tu dois réaliser une carte ou un commentaire de carte, n’attends pas la fin de l’épreuve pour t’y mettre. Ces exercices comptent pour une part très importante dans l’évaluation de ta prestation globale, et, dans le cas de la carte, tu pourras en plus t’y référer dans ton développement (« comme on peut le voir sur la carte … »). Ce qui est généralement très apprécié par les correcteurs. Tu dois y consacrer entre une demi-heure et une heure, selon le temps que tu as consacré à la première étape. Bien sûr, si tu as des talents de cartographe et que tu te sens capable de pondre un chef-d’œuvre, ne t’arrête pas bêtement au bout d’une heure. Il faudra quand même arriver à rédiger ton développement au pas de course si tu commences à le faire après deux heures et demie d’épreuve.

Après quoi, tu dois te lancer sans traîner dans la rédaction de ton développement. Tu dois quoi qu’il arrive le terminer, quitte à sacrifier un exemple ou deux. Il est impératif de ne pas rendre une copie inachevée.

Venons-en à présent aux détails techniques de la dissertation.

 

Préparer et rédiger son introduction

Tu dois toujours commencer par l’analyse des termes du sujet. Elle doit amener et donc justifier à la fois ta problématique et tout ton développement. Il s’agit donc d’expliquer tous les termes du sujet, en les liant entre eux. Pour donner du sens au sujet, il faut leur donner une réalité par rapport au cadre chronologique et géographique que tu dois déterminer, en les justifiant, bien sûr.

Idéalement, sois élégant(e) et évite d’enchaîner les définitions une à une, terme par terme. En plus de nuire à l’efficacité de ton style, cela peut nuire à la qualité de ta réflexion. Il s’agit en effet de définir les termes du sujet les uns par rapport aux autres, et non pas dans l’absolu. Il faut mettre en évidence l’intérêt spécifique du sujet, les problèmes qu’il soulève, ses paradoxes.

 

De cette analyse découle la problématique

C’est la question qui s’impose presque d’elle-même après les problèmes et les paradoxes mis en évidence par ton analyse. Elle doit avoir la forme d’une unique question, c’est très important. Si, en culture générale, poser plusieurs questions peut être très pertinent et fécond, en géopolitique, cela ne fait que disperser ta réflexion. Il s’agit d’être à la fois précis (ne pas se disperser) et large (ne pas passer à côté d’un aspect important du sujet en étant trop restrictif).

La problématique doit rester simple et intelligible. Le correcteur va corriger plus d’une centaine de copies, il est donc primordial de ne pas lui faire perdre de temps avec une problématique à rallonge ou trop alambiquée. Idéalement, tu dois privilégier l’articulation entre un constat et une question. Il s’agit de poser un débat auquel tu dois être capable d’apporter une réponse claire et précise dans ton développement.

 

Une fois ces deux étapes terminées, il faut élaborer le plan détaillé

Il s’agit de construire, en trois parties, une démonstration qui réponde à ta problématique. C’est une étape indispensable. D’une part, parce qu’à une demi-heure de la fin de l’épreuve, tu auras probablement oublié une partie des exemples que tu voulais mettre dans ta troisième partie. D’autre part, en élaborant ton plan détaillé, tu vas peut-être te rendre compte d’une faille, d’un manque ou d’une erreur dans ton analyse des termes du sujet ou dans ta problématique.

L’élaboration du plan détaillé te permet donc en quelque sorte de confirmer la validité de ton analyse et de ta problématique. Et, si besoin, de revenir en arrière et de corriger ce qui ne va pas. Ce plan détaillé est indispensable parce que, idéalement, tu ne dois plus passer de temps à réfléchir à tes arguments, à l’agencement de tes idées, mais à rédiger du mieux possible.

 

La préparation de l’annonce de plan

En effet, elle doit permettre au correcteur de voir qu’il y a (ou non) construction d’une démonstration, l’ossature indispensable au développement. Elle doit donc être claire, précise et succincte. Un correcteur qui doit lire plus d’une centaine de copies ne va pas perdre un quart d’heure à essayer de comprendre ton plan. S’il consacre autant de temps à la lecture de ta copie, ce sera déjà beau.

Concernant la forme, évite de numéroter tes parties. Mais si tu as le sentiment que tes parties n’apparaissent pas assez clairement et que tu ne vois pas vraiment comment faire mieux, tu peux toujours numéroter tes parties entre parenthèses. Le correcteur ne t’en tiendra pas vraiment rigueur et au moins, il verra ton plan.

 

La recherche d’une accroche

En effet, tu ne dois trouver l’accroche qu’après avoir terminé les étapes précédentes, pour être sûr(e) de ne pas fausser ton angle d’attaque du sujet à cause d’une accroche que tu veux caser à tout prix, sans qu’elle ait de lien réel avec le sujet, ou du moins un lien trop ténu.

Il s’agit d’introduire le sujet par une citation, une référence bibliographique, un événement historique ou d’actualité. Idéalement, on réécrit ou on reformule le sujet en fin d’accroche.

Une fois toutes ces étapes terminées, tu peux passer à la rédaction au propre de ton introduction.

 

La rédaction du développement

Directement après avoir rédigé ton introduction, ou après avoir terminé ta carte ou ton commentaire de carte, selon le format de l’épreuve, tu dois commencer à rédiger ton développement. Dans le meilleur des cas, tu suis rigoureusement ton plan détaillé, mais en pratique, on procède souvent à des réajustements au sein des sous-parties en cours de rédaction.

Au début de chaque partie, tu dois annoncer très rapidement son idée directrice, idem au début de tes sous-parties. Chaque sous-partie repose sur une idée directrice qui appuie ton idée directrice principale. Les idées directrices de tes sous-parties doivent être soutenues par des exemples. Il s’agit de démontrer la réalité de tes idées, de la façon la plus claire et précise possible, et idéalement avec élégance. Attention cependant à ne pas empiler les exemples sans raison. Chaque exemple doit venir appuyer ton idée et tomber à propos.

Le correcteur ne cherche pas à vérifier ta capacité à recracher des masses de connaissances, mais à les utiliser avec intelligence pour nourrir une réflexion pertinente. Tu dois toujours privilégier la réflexion. Avoir relativement peu d’exemples n’est pas forcément un problème si tes idées sont vraiment pertinentes. C’est également vrai, et même plus en réalité, en culture générale.

Selon le plan adopté, tes sous-parties s’enchaînent avec plus ou moins d’évidence et d’élégance. Il est important de montrer au correcteur le lien entre chacune de tes sous-parties, ou du moins de montrer que chaque sous-partie est légitime et pertinente, pour éviter de donner l’impression, fondée ou non, que tu recraches des connaissances sans qu’elles aient de lien réel avec le sujet.

En fin de partie, il te faut rapidement conclure, en résumant ton propos, afin de pouvoir bien former la transition. Celle-ci est faite à la fin de la conclusion de la partie en cours et de l’annonce de la partie suivante. Il s’agit de justifier l’existence de la partie suivante, que ce soit en montrant qu’elle est la suite logique de la précédente, soit en explorant un autre aspect incontournable du problème. Ces conclusions-transitions sont tout à fait centrales. Là encore, il s’agit de montrer au correcteur la logique de ton propos, de ta démonstration, pour éviter de donner l’impression que ton plan n’est qu’un prétexte pour placer le plus possible de connaissances.

Après avoir terminé de rédiger ton développement, tu dois impérativement conclure.

 

La conclusion

C’est la dernière impression que tu laisses à ton correcteur. Il faut donc tâcher de la soigner particulièrement. Sans être fleuve, elle ne doit pas non plus être indigente. Il peut être bon de réécrire ta problématique, afin d’y répondre très clairement. Attention, la conclusion ne doit pas être une simple reformulation de ton annonce de plan. Il s’agit de synthétiser (rapidement) ton développement et d’en tirer les conséquences pour répondre le plus clairement possible.

Après avoir répondu à la problématique, il faut ouvrir sur un débat plus large. Mais pas trop non plus, les formules passe-partout, recyclables pour n’importe quel sujet, sont à bannir, le lien avec le sujet ne doit pas être trop lointain. Tu peux aussi illustrer cette réponse finale par un exemple ou une référence bibliographique, en lien direct avec le sujet, encore une fois.

 

Quelques remarques

Garde bien à l’esprit qu’en géopolitique (comme en culture générale), il n’y a pas de réponse unique, de dissertation unique. Tu remarqueras à ce titre que les jurys de géopolitique ne fournissent jamais de corrigé. Des analyses différentes peuvent être tout aussi valables. Et donc, forcément, des problématiques et des plans différents peuvent être tout aussi pertinents.

Essaie cependant de privilégier l’angle d’attaque avec lequel tu seras le plus à l’aise. Celui que tu sens le mieux et pour lequel tu as le plus de matière. D’une façon générale, lors de la problématisation (que tu induis par ta définition des termes du sujet en introduction), essaie de ne pas choisir un angle d’attaque trop compliqué ou trop restreint. Cela te permettra de garder les idées claires (on a très vite fait d’« oublier » le sujet en cours de développement) et de toujours avoir de la matière pour alimenter ton argumentation. Même s’il n’est pas forcément nécessaire de faire une très longue dissertation pour réussir.