Turquie UE

Dans une copie de géopolitique ou dans une colle sur l’Europe, avoir une connaissance approfondie des relations diplomatiques et géopolitiques entre l’UE et la Turquie peut s’avérer très utile ! Dans cet article, je te propose d’aborder ce thème important en prépa ECG avec des exemples détaillés.

La place de la Turquie dans l’Europe, une ambiguïté historique

Si au XIXᵉ siècle, l’Empire ottoman combat aux côtés des nations européennes les troupes russes lors de la guerre de Crimée (1853-56), la Turquie ne semble pourtant pas clairement appartenir au Concert européen durant l’entre-deux-guerres. À cette époque, l’intégration de cette dernière dans un ensemble politique européen n’est pas envisagée. Dans Paneuropa, Richard Coudenhove-Kalergi dessine une carte du monde divisé en grands ensembles régionaux (dont l’Europe). Alors que tous les pays sont classés dans des blocs continentaux à venir, la Turquie est laissée en blanc avec un point d’interrogation. De plus, le plan Briand de 1929 ne prévoit pas la participation de la Turquie à la future fédération européenne.

La Turquie fait partie intégrante du bloc occidental durant la guerre froide

Elle est une pièce maîtresse du bloc occidental après la Seconde Guerre mondiale. La Turquie est en effet bénéficiaire du plan Marshall. Elle rejoint l’OTAN en 1951. Du fait de sa place stratégique, à la frontière du monde libre, les États-Unis tentent d’en faire un de leurs alliés.

Elle joue également un rôle décisif au début de la construction européenne. Elle est un des membres fondateurs de l’OECE en 1948 et elle adhère au Conseil de l’Europe en 1949. Elle participe aux premières éditions de l’Eurovision (dès 1964) ou encore à celles de l’UEFA (dès 1954). La Turquie a également joué un rôle dans la définition des symboles de l’Europe, elle a participé au choix du drapeau européen.

L’adhésion de la Turquie à la CEE a néanmoins été tardive. En 1963, la Turquie et la CEE mettent en place une union douanière. La coopération entre cette dernière et la CEE a été ralentie dans les années 1970-80 en raison de l’intervention turque à Chypre en 1974 et le coup d’État militaire de 1980 en Turquie. Toutefois, le retour du régime civil en 1983 conduit le gouvernement turc à formuler une première demande d’adhésion à la CEE en 1987. Cette demande sera repoussée deux ans plus tard par la Commission, en raison du contexte économique et politique de la Turquie, et de la question chypriote.

L’impossible adhésion de la Turquie à l’Union européenne

Dès 1987, la Turquie est candidate à l’adhésion de l’UE. En 1995, l’UE et la Turquie signent un accord d’union douanière. Les négociations débutent en 2005. Cette candidature revêt une importance particulière : elle occupe en effet une position de carrefour géographique (à la frontière entre l’Asie et l’Europe). Elle est ainsi une plate-forme énergétique pour l’approvisionnement en gaz et en pétrole de l’Union européenne.

Se pose également la question de la démographie. La Turquie est le deuxième pays le plus peuplé de l’UE derrière l’Allemagne, ce qui donnerait une place importante à la Turquie dans les institutions européennes si elle intégrait l’UE. En effet, le poids démographique des États est pris en compte dans les prises de décision. La Turquie présente de surcroît un fort dynamisme démographique et la démographie des autres pays européens est au contraire en berne.

Son adhésion questionne la nature du projet européen

Sur quelle histoire commune et quelle proximité géographique doit se fonder la construction européenne ? Certains y voient une menace à l’unité et la cohérence de l’UE, ce qui affaiblirait cette dernière sur la scène mondiale.

Une des principales pierres d’achoppement est le non-respect des normes européennes. La Turquie restera en marge du projet européen tant qu’elle ne satisfera aux exigences européennes, c’est-à-dire aux critères adhésion ou « critères de Copenhague » (définis en 1993). Le pays ne dispose pas d’institutions stables garantissant la démocratie selon l’UE qui pointe du doigt l’instabilité politique liée à la tentative de coup d’État en 2016 et les dérives autoritaires d’Erdogan. Après cette tentative, la Turquie avait de plus annoncé qu’elle « dérogerait temporairement » à la Convention européenne des droits de l’homme (arrestations, suspensions, licenciements…). La liberté d’expression est aussi très limitée : certains journalistes sont emprisonnés, le gouvernement exerce une censure d’Internet et des réseaux sociaux. Les critères de Copenhague mentionnent enfin le respect des minorités et leur protection, or, la Turquie réprime massivement les Kurdes.

Enfin, trois principaux conflits tendent les relations entre l’Union européenne et la Turquie

D’une part, le conflit syrien. Si l’objectif déclaré du gouvernement turc est de contrer la présence de l’État islamique, les opérations successives lancées par Ankara semblent davantage viser les forces kurdes. La Turquie réclame un soutien des Européens à son intervention en Syrie. Mais l’Union européenne cherche davantage à favoriser une transition politique par la voie diplomatique que par un engagement militaire.

D’autre part, l’Union européenne et la Turquie sont en désaccord quant au dossier libyen. Alors que la communauté internationale a décidé d’un embargo sur les armes à destination de la Libye, les Européens accusent la Turquie de violer cet embargo en livrant des armes au gouvernement de Tripoli et de faire ainsi preuve d’ingérence.

Le dernier point concerne le conflit au Haut-Karabakh. En septembre 2020, de nouveaux affrontements ont lieu et le gouvernement turc fait immédiatement savoir qu’il apportera son soutien aux forces azéries. Cela se traduit par un envoi de mercenaires syriens, bien que ce fait soit démenti par la Turquie. L’Union européenne, de son côté, appelle à la fin des combats et à une reprise des pourparlers dans le cadre du Groupe de Minsk, chargé d’aboutir à une résolution pacifique du conflit.

Pour conclure, Si la période la guerre froide a pu laisser penser que la Turquie intégrerait de manière définitive le Concert européen, avec l’arrivée d’Erdogan au pouvoir, la Turquie semble pour le moment à la porte de l’Europe.

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