Sujet brûlant tant par la proportion d’indigènes dans des pays comme la Bolivie (40 %) que par sa profondeur historique et sa place sur la scène politique, il faut que tu sois incollable ! Être indigène, c’est avant tout se reconnaître du peuple ancestral américain et de ses valeurs. Le meilleur moyen d’en parler synthétiquement, c’est d’en retracer l’histoire, le mode de vie et l’implication politique en Amérique latine.

Tu trouveras donc, dans cet article, trois thématiques sur les indigènes avec des exemples précis servant de contenu afin de couvrir l’étendue du sujet efficacement.

Un peuple historiquement soumis à la violence

En premier lieu, c’est la vague de colonisation européenne menée par l’empire sur lequel le soleil ne se couche jamais (el imperio en el que nunca se pone el sol) qui déclenche la persécution des indigènes en Amérique latine : en particulier, Francisco Pizarro et Hernán Cortés sont à la tête des expéditions qui conduisent à la fin de l’Empire inca et aztèque. Plus encore, en provenance d’Europe, la variole marque le début de nouvelles infections dans la région.

Si ton jury souhaite pousser ce point-là, n’hésite pas à faire référence à la conférence de Valladolid.

En second lieu et plus récemment, les indigènes vivant au Pérou subissent une violation de leurs droits humains avec le Plan de Salud Pública (1995) d’Alberto Fujimori, qui consiste à réduire la pauvreté en privant les plus pauvres de descendance. Au total, 300 000 quechuas et 40 000 quechuos sont stérilisés de force.

Un peuple attaché à sa terre

Parler de la déforestation de l’Amazonie, c’est bien, proposer un exemple original, c’est mieux. En cela, la Bolivie d’Evo Morales (d’origine aymara) se démarque en modifiant sa Constitution en 2009 pour faire du pays el Estado Plurinacional de Bolivia qui reconnaît 37 langues (aymara, guaraní…). Plus encore, ce changement de Constitution fonde le développement de la Bolivie en plaçant au centre l’être humain en communion avec Mère Nature (La Pachamama).

Toutefois, tout n’est pas blanc comme neige, car cette mesure constitue un paradoxe : ses valeurs la poussent à protéger l’environnement, mais en même temps, son modèle économique repose sur l’extractivisme qui saccage l’environnement. On peut pour cela noter les feux de forêt volontaires (un chaqueo) qui visent à créer de nouveaux terrains à exploiter. Durant l’été 2019, c’est un peu plus de quatre millions d’hectares de terrains qui sont ravagés par des incendies volontaires selon le rapport Oxfam de 2019.

Tu noteras également qu’un tel paradoxe est facilement réutilisable dans un sujet sur le développement durable. Et d’ailleurs, faire mention d’un rapide lien entre indigène et développement durable via cet argument témoignera de ta capacité à tendre des ponts entre les différentes thématiques du programme, ce qui plaira à ton jury !

Enfin, il est important de noter que la protection de l’environnement par les indigènes intensifie le nombre de violences à leur encontre. En témoigne l’assassinat de la très connue journaliste de l’environnement Berta Cáceres, au Honduras en 2016, alors même qu’elle était placée sous protection militaire.

Un peuple au renouveau politique ?

Si Evo Morales est de loin le plus connu des dirigeants indigènes d’Amérique latine, il est intéressant de noter que l’arrivée de Yaku Pérez en Équateur marque une logique de retour au pouvoir des ressortissants indigènes. En effet, même s’il ne finit que troisième aux récentes élections présidentielles gagnées par Guillermo Lasso, il se présente comme une nouvelle force politique indispensable, avec laquelle Lasso devra négocier pour gouverner comme il l’entend.

Dans cette même perspective, Luis Arce, en Bolivie, symbolise la démocratisation des droits aux indigènes. Métis, il se présente lors de son discours d’investiture comme « un presidente competente con tal de no presionar a las poblaciones indígenas ». (Con tal de : dans le but de.)

Cependant, si les indigènes tendent à avoir une représentation politique équivalente à leur part dans la population, l’utilisation de leur histoire à des fins de détournement politique est de nouveau une mode. À commencer par Hugo Chávez qui fait del Día de la Hispanidad (12 de octubre) el Día de la Resistencia de los Pueblos Originarios afin d’unir le peuple contre l’impérialisme occidental et américain.

De même, AMLO, actuel président du Mexique, se faisait critiquer pour son instrumentalisation du passé afin de détourner les Mexicains des problèmes financiers de son gouvernement et créer un ennemi commun : l’Espagne. Suite à la visite de Pedro Sánchez en 2019 au Mexique, AMLO lui envoyait une lettre dans laquelle il réclamait des excuses officielles pour les crimes contre l’humanité perpétrés par des Espagnols depuis le XVᵉ siècle.

Conclusion

Une bonne ouverture sur le développement durable est possible grâce au Costa Rica (1,7 % d’indigènes) qui, à l’inverse de la Bolivie, respecte sa Constitution en matière de protection de l’environnement. D’où l’idée qu’être indigène, c’est avant tout défendre l’environnement.