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Les États-Unis se retrouvent dans de nombreux sujets d’histoire de prépa littéraire, voici donc une fiche détaillée sur les États-Unis de 1964 au début des années 1990, faisant suite aux deux premières fiches (ici et ici) évoquant la période précédente ! Tu y trouveras des détails sur l’économie, la société, la culture et la politique intérieure et extérieure des États-Unis à glisser dans tes copies pour épater ton correcteur. Cette fiche est réalisée d’après le livre d’André Kaspi, Les Américains.

I. La « Grande société » (1964-1968)

1. Lyndon B. Johnson, un président libéral 

Les projets de réformes du Président défunt sont attendus avec impatience. L’Amérique libérale et un esprit rooseveltien prennent les commandes. Johnson est un esprit pragmatique qui croit en la mission civilisatrice des États-Unis. Ses bonnes relations avec le Congrès lui permettent d’avancer sur le programme législatif.

Ainsi, en mai 1964, le discours sur la « Grande Société » promet « abondance et liberté pour tous ». Une avalanche de réformes tendent alors à atteindre l’égalité économique et raciale. Par exemple, en 1964, le Civil Rights Act et l’Economic Opportunity ActMedicare et Medicaid en 1965 ou encore le Voting Rights Act.

Le modèle américain de couverture sociale permet d’éviter les chutes dans la misère (safety nets). En 1971, 31 % du budget est donc alloué aux dépenses sociales. Le nombre d’assistés croît de 7 à 11 millions entre 1960 et 1969. Cependant, le Vietnam absorbe Johnson. Les espérances des pauvres sont déçues et les contribuables mécontents. 

2. Les émeutes urbaines

Le Civil Rights Act, puis le Voting Rights Act sont concluants. En effet, le pourcentage de Noirs-Américains inscrits sur les listes entre 1964 et 1968 passe de 19 à 53 % en Alabama par exemple. Cependant, le problème reste important. Le chômage est de 29 % en 1963 et une forte criminalité perdure… Les émeutes de Watts à Los Angeles en 1965 inaugurent la vague d’émeutes urbaines et la radicalisation du mouvement des droits civiques.

En conséquence, cinq jours d’émeutes provoquent 34 morts, plus de 1 000 blessés et 35 millions de dollars de dégâts. En 1964, on dénombre 43 émeutes raciales et 164 début 1967. L’explication vient du sentiment d’impuissance ressenti par cette minorité. Le mouvement est divisé entre radicaux et pacifistes. Malcolm X et le mouvement des musulmans noirs sont radicaux. Seale et Newton créent les Black Panthers en 1966. Aux Jeux olympiques de Mexico en 1968, deux athlètes noirs-américains lèvent le poing en signe de protestation. 

3. La révolution des droits 

Women’s Lib est au cœur du féminisme américain. B. Friedan publie The Feminine Mystique en 1963 comme cri de guerre du mouvement, vendu à un million d’exemplaires. Le salaire moyen des femmes est inférieur de 40 % par rapport aux hommes. Le droit matrimonial favorise les maris ; contraception et avortement ne sont pas reconnus partout.

En 1966, Friedan fonde la National Organization for Women qui a des revendications étendues : contraception, IVG, égalité des salaires, crèches, changement des comportements sociaux… En 1973, le droit à l’IVG est reconnu par l’arrêt Roe v. Wade. Le salaire des femmes équivaut à 63 % de celui des hommes en 1955 et à 58 % en 1968.

Par ailleurs, le mouvement indien prend de l’importance, comme en atteste la prise d’Alcatraz en 1969 pour attirer l’attention. Nixon renonce à la politique de terminaison en 1970. De plus, la majorité électorale est abaissée à 18 ans en 1971. La nouvelle gauche se crée en 1960 au terme d’une décennie de torpeur. La Californie et surtout Berkeley leur servent de berceau. Tom Hayden de la Students for a Democratic Society réclame une démocratie de participation, le rôle moteur étant celui des étudiants.

II. De la guerre du Viêt Nam à l’affaire du Watergate 

1. Les motivations du président Johnson

Pour cette partie et pour plus de détails, nous t’invitons à consulter cet article ! Le 20 juillet 1969, la mission Apollo alunit alors que les Américains sont pris dans l’engrenage du Vietnam. À partir de 1954, les États-Unis soutiennent le Sud et les « bérets verts » de la CIA sont dépêchés au Vietnam. En 1963, Diem, autrefois soutenu, est assassiné avec l’appui de la CIA et 16 000 soldats sont engagés au Sud.

Johnson procède à l’américanisation de la guerre. En août 1964, un destroyer américain est prétendument attaqué. Johnson saisit alors l’occasion pour riposter. Westmoreland conduit une guerre d’usure alors que le danger est omniprésent dans les campagnes (pièges, mines…). Au Nouvel An lunaire, le Nord lance 70 000 hommes au Sud. L’offensive du Têt échoue, mais montre la vulnérabilité américaine et le général réclame 200 000 soldats supplémentaires. L’opinion bascule : en 1967, 47 % soutiennent la guerre contre 26 % fin 1968. 

2. La montée de l’opposition à la guerre 

En 1965, 80 professeurs de Berkeley signent une pétition contre la guerre et 20 000 personnes marchent pour la paix. En 1967, 50 000 personnes manifestent devant le Pentagone. Eugène McCarthy aux primaires démocrates promet le rétablissement de la paix. Sur les 26 millions de la « génération Vietnam », seuls 10 sont appelés sous les drapeaux et la moitié a servi au Vietnam. Les appelés sont surtout non diplômés (42 % d’entre eux pour 23 % des diplômés) et Noirs (31 % lorsqu’ils forment 11 % de la population totale). Le service militaire obligatoire symbolise l’oppression et l’injustice pour le mouvement des droits civiques. Les nombreux reportages illustrés informent sur le déroulement des conflits et nourrissent la campagne d’opinion. 

3. Comment terminer la guerre ?

Johnson lance des appels à la négociation. En 1968, il annonce alors la fin des bombardements. Nixon emporte la présidentielle en s’en prenant au New Deal, mais sans rejeter les acquis. Il insiste sur l’anticommunisme et s’appuie sur Kissinger. Il souhaite la vietnamisation du conflit à travers un programme d’armement du Sud. L’aide économique passe de 5 000 à 9 000 millions entre 1966-1968 et 1969-1972.

La guerre crée un problème de crise morale, notamment avec les images du massacre du village de My Lai en 1969. Nixon rétablit les contacts avec Pékin (voyage diplomatique en 1972). Le 27 janvier 1973, les Accords de Paris sont signés. Nixon est réélu triomphalement. Cependant, le déficit de la balance des paiements, aggravé par celui de la balance commerciale, accentue l’inflation et provoque la dévaluation en 1971. Le commerce international est désorganisé par l’instauration des taux de change flottants. 

4. L’affaire du Watergate

Des cambrioleurs pénètrent dans le QG démocrate, le Watergate, en juin 1952. Berstein et Woodward, reporters du Washington Post, découvrent que l’effraction visait à implanter des micros. Nixon est impliqué, mais refuse de livrer les bandes magnétiques. Sa popularité chute (de 62 % en 1972 à 25 % en octobre 1973). La Chambre des Représentants lance la procédure d’impeachment et oblige Nixon à livrer les bandes.

Le 9 août 1974, il démissionne, remplacé par Ford. Ce scandale manifeste l’importance de la presse comme quatrième pouvoir. Le Congrès reprend du pouvoir avec cette affaire alors qu’il n’avait pu contrecarrer le pouvoir présidentiel depuis des années. Le War Powers Act en novembre 1973 enlève du pouvoir au Président pour éviter à nouveau l’engrenage du Vietnam. Le Watergate fait renaître une volonté de moralité. Les activités de la CIA et du FBI sont sujettes à débats, comme le programme de contre-espionnage Cointelpro au FBI. 

III. Au creux de la vague (1975-1980) : Michel Crozier, « Le pays tout entier se trouvait déboussolé », Le Mal américain (1980)

1. La crise de confiance

Une chute de confiance touche dans les institutions, sauf la presse. Les partis subissent un recul, les indépendants se multiplient. 60 millions de jeunes sont arrivés à la vie politique lors des troubles du Vietnam et du Watergate, et préfèrent s’éloigner du bipartisme. Par ailleurs, le coût des campagnes croît. Lincoln dépense 100 000 $, mais un milliard est dépensé en 1980, conséquence de l’impact de la télévision. Carter joue la carte de la transparence et bat Ford grâce à 80 % du vote noir, 74 % du vote libéral et 60 % des grandes villes. 

2. La crise économique

La croissance ralentit un peu et le chômage est à 7 % en 1980. Les États-Unis vivent une mutation technologique : croissance de 5 % du nombre de cols blancs. En une décennie, les prix ont plus que doublé. Au début des années 1980, l’inflation atteint 18 %. Le dollar faiblit avec les dévaluations de 1971 et 1973. De plus, la balance commerciale continue d’être en déficit. En 1979, Carter nomme alors Volker à la Fed pour juguler l’inflation. Il augmente donc les taux d’intérêt et la masse monétaire. En conséquence, les États-Unis attirent les capitaux étrangers. Johnson a fait marcher la planche à billets pendant la guerre et le marché des eurodollars a dangereusement augmenté.

Par ailleurs, la part de l’énergie importée ne cesse de croître, ce qui est inquiétant. Carter crée alors un département de l’énergie. L’industrie automobile perd du terrain par rapport au Japon tout comme la chimie, l’informatique, la sidérurgie. Les gains de productivité baissent. Le déficit du budget fédéral augmente de 45 milliards de dollars en 1977 à 60 en 1980. Néanmoins, le pays dispose encore de ressources considérables : 14 % du blé en 1976, 17 % du tabac, 50 % du maïs. Les prix Nobel s’accumulent et 2,3 % du PNB sont alloués à la recherche. 

3. La crise de la politique étrangère

Avec la chute du Shah d’Iran, une cinquantaine de diplomates sont pris en otage pendant 444 jours, ce qui représente une humiliation. Carter veut redonner confiance aux Américains, montrer qu’il est possible de stopper la course aux armements et d’améliorer l’image du pays. Carter adopte la position des libéraux internationalistes qui assignent aux Américains la mission de maintenir la paix et de favoriser la coopération internationale, combattre la faim, renforcer l’ONU…

Certains succès de la politique étrangère de Carter sont notables comme les accords de Camp David, les traités sur le canal de Panama et la nouvelle politique chinoise. Cependant, ses échecs sont également nombreux : non-ratification des accords Salt II, radicalisation des sandinistes au Nicaragua, invasion soviétique de l’Afghanistan, révolution islamique en Iran.

Cette première partie s’achève, nous t’invitons à poursuivre la lecture de cet article en cliquant ici !