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Les États-Unis se retrouvent dans de nombreux sujets d’histoire de prépa littéraire, voici donc une fiche détaillée sur les États-Unis de la Première Guerre mondiale à 1945 ! Tu y trouveras des détails sur l’économie, la société, la culture et la politique intérieure et extérieure des États-Unis à glisser dans tes copies pour épater ton correcteur. Cette fiche est réalisée d’après le livre d’André Kaspi, Les Américains.

I. De la Grande Guerre à la Grande Crise

1. Les États-Unis et la guerre en Europe

Dans un premier temps, les États-Unis ne veulent pas s’engager. En effet, un sentiment pacifiste anime le pays, Wilson est réélu en 1916 sur un programme partisan de la paix entre les nations. De plus, l’armée est presque inexistante et les motifs de la guerre sont flous. Enfin, l’Allemagne est le pays d’origine de nombreux Américains, alors que le Royaume-Uni s’entête dans sa politique coloniale et que la France est alliée à la Russie tsariste… Wilson proclame donc la neutralité le 4 août 1914.

Cependant, le 6 avril 1917, le Congrès vote l’entrée en guerre. En effet, l’Allemagne s’est lancée dans une guerre sous-marine. Déjà, le 15 mai 1915, l’armée allemande coule le Lusitania, faisant plus de cent victimes américaines. De plus, l’Allemagne va à l’encontre de la doctrine Monroe avec le télégramme Zimmermann, préparant une alliance avec le Mexique. Cependant, en 1917, il n’y a pas de service militaire obligatoire, l’armée est faible et seuls 4 000 volontaires se présentent après la déclaration de guerre. La mobilisation économique est impressionnante. Le War Industries Board contrôle le financement des achats de guerre, l’allocation des matières premières et le rythme de la production. Le revenu réel des travailleurs croît de 25 %.

Le 8 janvier 1918, Wilson prononce ses fameux « 14 points » : diplomatie ouverte, liberté de navigation maritime, abaissement des barrières douanières, réduction des armements, règlement équitable des questions coloniales, notamment. Le quatorzième point prévoit la création d’une Société des Nations (SDN) garantissant l’indépendance politique et territoriale des membres. Cependant, au niveau national, les Républicains sont majoritaires et reprochent à Wilson son interventionnisme. De ce fait, ni l’intégration à la SDN ni le Traité de Versailles ne sont ratifiés. Les Républicains l’emportent en novembre 1920 sur le « retour à la normale et l’américanisme à 100 % ».

2. Babbitt au pouvoir

Entre 1921 et 1929, le pays entre dans l’ère de la production et la consommation de masse. L’enrichissement du pays est incontestable. Le PNB passe en effet de 40 à 100 milliards entre 1914 et 1929. Cependant, des inégalités subsistent. Par exemple, entre 1923 et 1929, le profit des sociétés industrielles croît de 62 %, tandis que le salaire des ouvriers ne croît que de 26 %. On assiste également à la naissance et au développement d’industries de pointe et à la progression des autres comme le cinéma, l’aéronautique ou la radio. Les États-Unis consomment alors la moitié de l’énergie utilisée dans le monde.

De plus, l’automobile devient un symbole du mode de vie américain. La production dépasse en effet les 4,7 millions en 1929. En conséquence, Babbitt de S. Lewis, publié en 1922, est une satire de la société de consommation naissante et du conformisme de la classe moyenne. La maison se modernise avec la diffusion du téléphone, de l’électricité, de l’électroménager. Enfin, la femme des années 1920 change avec des cheveux courts, des robes plus courtes, les flappers (garçonnes) dansent le charleston. Les femmes obtiennent même le droit de vote en 1920. 

3. Le renouveau du conservatisme

Les États-Unis modernes côtoient cependant ceux d’hier. En 1925, à Dayton, un professeur enseigne la théorie de l’évolution, ce qui lui attire les foudres des créationnistes. De plus, le pays ne souhaite plus d’immigration massive et ne croit plus à sa vocation de melting pot (M. Grant The Passing of the Great Race). En 1921, un quota de 3 % par nationalité est donc mis en place. En 1924, l’immigration asiatique est interdite et le quota est limité à 2 % pour les autres.

Par ailleurs, le 18° amendement met en place la prohibition en janvier 1919. Il est annulé en 1933 avec le 21°. La contrebande s’organise, des speakeasies (bars clandestins) sont créés (20 000 à Chicago). Le bootlegging (contrebande) est un véritable commerce d’importation organisé, des gangs se forment et leur violence est visible dans le massacre de la Saint-Valentin en 1929. La « noble expérience » d’après Hoover stimule la criminalité.

En politique extérieure, les États-Unis agissent selon leurs intérêts immédiats. Ils tâchent d’obtenir le paiement des dettes de guerre. Cela les conduit à proposer deux plans de règlement : le plan Dawes en 1924 et le plan Young en 1929. De plus, ils signent le pacte Briand-Kellogg en 1928 et investissent massivement en Amérique latine.

4. La Grande Crise

Le krach boursier à New York en octobre 1929 se diffuse dans le monde entier. Le mardi 22, les cours baissent de 10 %. Le 29, jour du « Black Tuesday » 30 millions de titres sont offerts et seulement 16 millions sont achetés. Ce krach heurte de plein fouet la confiance en l’avenir des Américains. Le krach est d’abord considéré comme un accident de parcours. En effet, en mai 1930, Hoover déclare que le plus grave est passé. En 1932, l’optimisme cède cependant la place à la morosité. Le krach résulte d’une « orgie de spéculation boursière». Or, de mars 1928 à septembre 1929, les cours grimpent et il suffit que le marché prenne peur pour que des millions de titres soient offerts à la vente, d’où la chute des cours.

En conséquence, en 1929, plus de 650 banques ferment et plus de 2 200 en 1931. Par conséquent, cela engloutit plus de deux milliards de dollars. Les prix chutent, tout comme les salaires, alors que ni la production ni la consommation n’ont été stimulées. Il y avait déjà eu des signes : la construction immobilière avait ralenti dès 1927. L’Angleterre déclenche un assaut contre le dollar en abandonnant l’étalon-or en septembre 1931. Hoover est incapable de répondre à la crise, persuadé que la reprise est toute proche. 

II. La présidence de Franklin D. Roosevelt

1. Les États-Unis en 1933

La misère passe sur le pays comme une tornade, particulièrement dans le secteur agricole. Les fermiers s’endettent et la valeur des terres baisse. Les États-Unis renforcent le tarif Hawley-Smoot de 1930. Les paysans de l’Oklahoma subissent également la sécheresse. La crise touche durement l’industrie automobile, le textile et le charbon. En effet, les effectifs de Ford sont divisés par quatre et le prix d’un puits de pétrole est divisé par dix. Beaucoup se retrouvent à la rue et d’après une étude du New York Evening Graphic, beaucoup d’hospitalisations sont dues à la sous-nutrition ; la dysenterie et la tuberculose réapparaissent. Les associations distribuent 85 000 repas par jour à New York pendant l’hiver 1930-1931. En 1933, environ un quart de la population active est au chômage.

Roosevelt fait campagne sur le New Deal : il promet davantage de travail et une répartition plus équitable des revenus. D’autres mesures ressemblent peu au New Deal : réduction des dépenses, abandon des interventions gouvernementales dans l’économie, abaissement des droits de douane… Roosevelt est le candidat de l’activisme. En conséquence, un raz de marée démocrate déferle en novembre 1932. Roosevelt est proche de l’opinion grâce à ses « causeries au coin du feu » à la radio. Il est l’inventeur de la présidence moderne.

2. Le New Deal : méthodes et bilan

Roosevelt invite les législateurs à adopter une avalanche de mesures d’urgence pour permettre la réouverture des banques, la reprise industrielle, la réduction des stocks agricoles… Le Sud vote solidement démocrate, ainsi que les minorités ethniques et religieuses. Les pauvres constituent les nouvelles recrues, ainsi que les ouvriers. 63 % des cols bleus votent démocrate entre 1932 et 1968.

On distingue un premier New Deal (1933) d’un second (1934-1936). Par exemple, l’Agricultural Adjustment Act (AAA, 1933) vise à remonter les prix par la réduction de la production. Une politique de grands travaux est menée avec 20 barrages construits entre 1933 et 1952. Le National Industrial Recovery Act (NIRA, 1933) vise à faire redémarrer l’industrie et l’embauche. La Tennessee Valley Authority et son électricité bon marché révolutionnent les campagnes du Sud. En fin de compte, le NIRA est jugé inconstitutionnel, comme l’AAA.

Le bilan du New Deal est assez médiocre. En 1939, il y a 9,5 millions de chômeurs. Un manque d’investissement est à déplorer avec seulement 11 milliards en 1937, meilleure année des années 1930. Roosevelt a habitué le pays à l’intervention gouvernementale. En effet, en 1934, la Civil Works Administration naît, puis devient Works Progress Administration. Elle emploie quatre millions de chômeurs pour des travaux publics. La loi de 1935 mettant sur pied une assurance vieillesse et chômage érige un des piliers du Welfare State. Le gouvernement consacre 27 % de ses dépenses à l’aide sociale, soit 7 % du revenu national.

La loi Wagner de 1935 accélère la syndicalisation. Par exemple, l’UMW des mineurs décuple ses effectifs entre 1933 et 1935. La culture témoigne d’une extraordinaire vitalité : Steinbeck, Mitchell avec Gone with the Wind, Hemingway avec For Whom the Bell tolls, Faulkner avec The Sound and the Fury… Hollywood fait fureur avec Chaplin, les westerns, les comédies musicales… 

3. Les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale

Les États-Unis se préoccupent de la reprise économique et sont profondément isolationnistes. En effet, les démocraties européennes n’ont pas payé leur dette du premier conflit mondial et restent colonialistes. De plus, pour les New Dealers, l’isolationnisme permettra de poursuivre la transformation sociale intérieure. Enfin, l’armée est inexistante. Roosevelt reste prudent, il s’engage dans une politique de « bon voisinage » avec l’Amérique latine, rompant donc avec la « politique du big stick ». De 1935 à 1937, le Congrès vote des lois de neutralité. Cependant, en novembre 1937, la clause « Cash and Carry » remplace l’embargo. Roosevelt est exceptionnellement élu pour un troisième mandat, au nom de la continuité en temps de crise.

En décembre 1941, Roosevelt propose que le pays se mue en arsenal de la démocratie. Il fait donc voter la loi prêt-bail permettant de payer après guerre ou de rendre la matériel inutilisé. En août 1941, Roosevelt et Churchill élaborent la Charte de l’Atlantique. L’entrée en guerre résulte de l’agression japonaise. Le Japon mène en effet une politique expansionniste depuis l’invasion de la Mandchourie en 1931. En juillet 1941, le Japon occupe l’Indochine et Roosevelt décide de limiter l’approvisionnement du Japon en matières premières. Le 7 décembre 1941, l’armée japonaise attaque Pearl Harbor, provoquant 2 500 morts. Le Japon se lance à l’assaut des Philippines, des îles de Wake et Midway, du Siam, de la Malaisie et de Hong Kong. Le lendemain de l’attaque, l’état de guerre avec le Japon est annoncé.

4. Les États-Unis prennent leur essor

La mobilisation économique est donc prioritaire. Des millions d’hommes attendent un emploi, les ressources sont presque illimitées et la nation vient de faire l’expérience du dirigisme. En quatre ans, les États-Unis construisent 90 000 chars, quatre millions de tonnes de munitions et 15 millions d’armes portatives. Le pays a fourni 35 % des équipements ayant permis d’abattre l’Allemagne et 86 % pour le Japon. La productivité galope, le chômage disparaît. La main-d’œuvre féminine est indispensable et 17 millions de femmes travaillent en 1944. Les prix agricoles remontent enfin et les revenus quadruplent entre 1940 et 1945. L’impôt sur le revenu permet de financer les dépenses de guerre. Le nombre d’Américains y étant soumis passe de 13 à 50 millions.

Le consensus social se fissure cependant en février 1942, lorsque Roosevelt autorise l’internement des Nippo-Américains. Le débarquement en Afrique du Nord de novembre 1943 est essentiellement américain. Les États-Unis déplorent 406 000 morts. Roosevelt veut aussi construire une paix durable et n’épargne aucun effort pour rassurer Staline. Ainsi, il promet un deuxième front et feint de croire à sa bonne volonté en Europe de l’Est. De la Conférence de Téhéran à celle de Yalta, il tâche de gagner la paix.