Tout d’abord, qu’est ce que le déficit commercial ?

La balance commerciale d’un Etat enregistre les importations et exportations de biens et services marchands avec le reste du monde. Dans certains cas, le terme de balance commerciale est limité aux exportations et importations de biens et non de services.
Le solde de la balance commerciale est la différence entre les valeurs des exportations et des importations.
On parle de déficit commercial lorsqu’au niveau du solde de la balance commerciale d’un pays, les importations sont supérieures aux exportations. On parle donc d’une balance commerciale déficitaire. Quand le solde est positif, on parle d’excédent commercial, quand il est négatif on parle de déficit commercial.

Comment le solde commercial a-t-il évolué en France sur les dernières années ?

Entre 1991 et 2005, le solde de la balance commerciale française a été positif, avec un pic en 1997 et 1998. Il n’est jamais redevenu positif après 2004, avec une baisse presque constante, très marquée pour l’année 2011 (un déficit de 70,4 milliards d’euros selon l’Insee, soit -2,6% du PIB). La situation s’est détériorée de nouveau en 2017 après une baisse du déficit commercial en 2012 et 2013 : ainsi, il s’élève à 62,6 milliards d’euros en 2017 (déficit cumulé sur douze mois).

Quelle contribution des différents soldes à ce déficit ?

Ce creusement serait dû à un moindre dynamisme des exportations françaises face aux importations. Ce solde s’aggrave plus fortement que celui des autres pays européens, notamment à cause d’une hausse de la facture énergétique et d’une dégradation du solde manufacturier à hauteur de 14 milliards d’euros. En effet, les quatre dernières années ont vu une baisse du prix des approvisionnements en énergie, ce poste augmente en 2017 en raison d’une hausse du prix des hydrocarbures. À cela s’ajoute une hausse de l’importation de produits manufacturés qui explique la dégradation du solde manufacturier.
Néanmoins, certains postes se dégagent en raison de leur dynamisme : les exportations de boissons comme le vin, le cognac mais aussi les produits laitiers et les préparations pour enfants en bas âge, ainsi que les exportations de parfum qui connaissent une croissance à deux chiffres.

Quelle position occupe la France par rapport aux autres zones géographiques ?

La France est déficitaire par rapport à l’Europe, le Moyen et le Proche-Orient (hydrocarbures), et l’Asie, mais excédentaire vis-à-vis de l’Afrique, grâce à la hausse des ventes du secteur aéronautique, et très légèrement positif vis-à-vis de l’Amérique.

Qu’en est-il du solde commercial des autres pays du monde ?

La balance commerciale chinoise est positive et l’excédent représente 2,79% du PIB selon des estimations.
Mais en Chine, c’est encore moins qu’en Allemagne, où la balance commerciale représentait plus de 7% du PIB en 2016. Le déficit commercial anglais se situe dans le même ordre de grandeur que celui de la France et atteint -2,23% contre -2,16% pour la France en 2016. Le déficit américain atteignait -3,5% en 2016, ce qui contraste avec les excédents records enregistrés au Moyen et Proche-Orient : 25% pour l’Arabie Saoudite et 47% pour le Qatar, tout cela étant bien sûr lié aux exportations d’hydrocarbures.

Ici une carte dynamique des balances commerciales dans le monde.

Comment expliquer le déficit français alors même que le pays est sorti de la crise et que d’autres de ses voisins comme l’Allemagne parviennent à dégager un excédent ?

Ce graphique montre bien que la France a des problèmes de déficit depuis une quinzaine d’années qui n’existaient pas de cette ampleur avant. Nous sommes donc à la recherche d’une explication structurelle et non conjoncturelle.

Tout d’abord, on met en avant le problème de compétitivité en France, notamment dans l’industrie manufacturière, par rapport à ses voisins (l’Allemagne, qui dégage un solde très positif) et à ses concurrents asiatiques.

Ainsi, la France aurait subi le passage à un euro fort car elle est située en partie sur un créneau de compétitivité-prix alors que l’Allemagne par exemple est sur un créneau de compétitivité hors prix. On peut voir que les secteurs où la France se porte bien sont les secteurs à haute valeur ajoutée (aéronautique, secteur pharmaceutique), ou du luxe (vins, parfums).

Pour échapper à la concurrence des pays émergents notamment dans le secteur industriel, la France doit monter en gamme et tenter d’échapper à la compétition par le prix qu’elle ne peut pas tenir sous peine d’une baisse des salaires et d’une aggravation de la pauvreté des ouvriers. Cela suppose néanmoins des investissements importants et du temps, et c’est ce temps qui manque aux industries car, menacées par la concurrence extérieure et leur compétitivité relativement faible, elles risquent de disparaître.