politiques économiques

La crise du coronavirus dans laquelle nous sommes aujourd’hui – ce n’est que le début – s’annonce plus grave que les précédentes, c’est pourquoi nous nous intéressons ici aux politiques économiques mises en oeuvre pour y faire face. Certes, comme à chaque crise la Bourse a décroché, mais le CAC40 repart pour autant déjà à la hausse. Néanmoins, la gravité de cette crise réside dans son rapport avec l’économie réelle. Les secteurs les plus exposés sont ceux qui souffrent le plus immédiatement des disruptions des chaînes de production et du recours croissant au confinement.

Autrement dit, toutes les entreprises quasiment. Aussi, comme le virus lui-même, elle est contagieuse : la faillite de l’un provoque celle des autres. Une faillite met des travailleurs au chômage, ces derniers diminuent leur consommation… effet boule de neige.  Si rien de puissant n’est fait pour arrêter dès l’origine l’occurrence des cessations de paiement, elle va progressivement s’étendre à l’appareil productif tout entier jusqu’à mettre en cause la santé de l’économie globale et du système bancaire.

La politiques économiques en France : le gouvernement met l’outil budgétaire à l’œuvre

Le plan initial reposait sur une large enveloppe pour des mesures de trésorerie – à travers le report de charges fiscales et sociales à hauteur de 33 milliards d’euros – tandis que 12 milliards de mesures budgétaires avaient été prévues initialement. Ce montant ne fait qu’augmenter au fur et à mesure que la crise prend de l’ampleur. Le plan d’urgence de soutien à l’économie est désormais évalué à 100 milliards d’euros.

Cette hausse des moyens s’applique à toutes les mesures d’urgence économique. Environ 8,5 milliards avaient été provisionnés pour le dispositif de chômage partiel, ce montant est revu à 20 milliards pour tenir compte du fort nombre d’entreprises qui en font la demande. Le fonds de solidarité, qui est très sollicité avec 755 000 demandes et déjà 460 millions d’euros versés aux 342 000 premières entreprises, va voir sa dotation passer d’un milliard à près de six milliards.

Par conséquent, et d’après les chiffres annoncés par Bruno Le Maire, la prévision de récession passe de –1 % à –6 %. Le déficit public est désormais attendu à 7,6 % du PIB, tandis que la dette pourrait grimper à 112 % du PIB fin 2020. En somme, les mesures prises par le gouvernement français sont inédites. Si elles peuvent rassurer les entreprises, l’avenir reste tout autant inquiétant : comment le gouvernement fera-t-il face à un tel endettement dans les années à venir ? Qui payera ? Pour essayer de répondre à ces questions, jette un œil à ces articles : la dette (1) et la dette (2).

Les politiques économiques dans l’UE : l’intervention de la BCE

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’elle mettait entre parenthèses les critères du traité de Maastricht avec l’annonce du « programme d’achat d’urgence pandémique » de la dette. Ce plan est estimé à 750 milliards d’euros et prévoit un achat massif de la dette des États (plus de 33 % de la dette d’un État possible dans ce contexte d’affranchissement des règles) ou encore l’achat d’actifs sur les marchés directement pour rassurer les investisseurs et entrevoir une période d’accalmie.

Pour autant, en feuilletant la presse économique et les rapports actuels des banques, il semble y avoir un consensus militant pour des mesures plus fortes et plus « connectées » avec l’économie réelle. Rappelons-le, il s’agit d’une vraie crise de l’économie réelle dans un premier temps ici ! Une mesure est souvent évoquée, celle que Maurice Allais (notre prix Nobel de 1988) ou encore Milton Friedman ont pu développer : « l’hélicoptère monétaire ». Concrètement, que la BCE devienne émettrice d’« helicopter money », à la seule destination des entreprises, en se servant des banques commerciales comme de simples relais. Il s’agit réellement d’un don d’argent, d’une provision des comptes sans contrepartie. Dans une note de Natixis, Patrick Artus défendait lui aussi la nécessité d’une telle mesure en ces temps troubles.

Plus certainement, on peut déjà s’attendre à une injection de monnaie grâce à l’émission des obligations communes liées à la pandémie. Il s’agirait de financer les mesures ciblées des États en faveur des entreprises fragilisées (mesures de sauvegarde contre la faillite, diminution des charges sociales, allègement de l’impôt, financement des primes, restructuration de la dette, garanties sur les crédits…), des ménages en difficulté (chômage, endettement…) ou des secteurs stratégiques comme la santé.

Certains, comme Patrick Artus, mettent en garde contre les effets secondaires de ces plans en évoquant notamment l’inflation qu’ils produiront… Bruno Le Maire a très justement répondu en disant que, pour le moment, ce n’était pas son problème. L’inflation, dans tous les cas, ne pourra que soulager les créances des États et n’atteindra pas les niveaux suffisants pour perturber les économies européennes.

En cas de sujet sur les politiques économiques, il sera très utile d’utiliser l’actualité de la BCE et des mesures gouvernementales pour s’interroger sur le statut de la BCE, son utilité, l’existence possible ou non d’un policy mix… Il n’y a pas de bonnes réponses à ces questions, mais en discuter avec les outils théoriques que tu as te fera gagner beaucoup de points.