Dégradation des conditions de vie, progression du chômage notamment de longue durée, multiplication du nombre de sans domicile fixe (SDF)… La crise économique de 2008 a rudement touché la France.

• De plus en plus de chômeurs de longue durée
Ce n’est pas une surprise, en 2013, le chômage était en nette hausse par rapport à 2008 (+43%). Et ce ne sont pas les chiffres de 2016, qui viendront inverser cette tendance. D’après les chiffres publiés le vendredi 24 Juin par le ministère du travail, le nombre de chômeur a encore augmenté en Mai, après avoir connu une baisse de deux mois consécutifs. Les inscrits au Pôle emploi ont atteint le nombre de 3,52 millions contre 3,51 millions en avril, soit une hausse de 9200 personnes.
• Quelles sont les personnes les plus touchées ?
En France, les personnes les plus touchées par la crise sont les inscrits âgés de 25 à 49 ans. Plus on prend de l’âge, plus le risque de chômage diminue, ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour les plus de 45 ans. Malheureusement, ces derniers, lorsqu’ils sont au chômage, ont plus de chance d’y rester longtemps, un risque qui croît de plus en plus avec l’âge. Tandis que les jeunes, s’ils sont plus exposés au chômage à répétition, le restent moins longtemps et enchaînent souvent les contrats de courte durée. Aussi, Le chômage des moins de 25 ans connait une légère hausse de 0,9% s’élevant maintenant à 5,73 millions de chômeurs.

• Les inégalités s’accroissent en bas de l’échelle salariale

Entre 2002 et 2007, les revenus salariaux les plus faibles avaient tendance à augmenter plus rapidement que les revenus les plus élevés, ce qui réduisait les inégalités. Mais la crise a changé la donne. Tandis que les plus bas revenus ont baissé de 0,2%, les revenus intermédiaires ont augmenté de 0,4%. Résultat : l’écart se creuse de nouveau au bas de l’échelle, au détriment des 10% de personnes qui touchent les salaires les plus modestes.
Dans la partie supérieure de l’échelle salariale, les choses sont tout autres. Là l’écart continue de se resserrer. Cette fois, la crise a stoppé la forte progression des très hauts salaires. Pour preuve, la part de la masse salariale détenue par le 1% des salariés les mieux rémunérés est passée de 6,9% en 2007 à 6,7% en 2012.

On peut donc se demander s’il existe un moyen de lutte contre les effets dévastateurs du chômage.

Peut-on lutter efficacement contre le chômage ?

I – Les politiques économiques

1) Les politiques de l’emploi

Depuis les années 1970, le chômage semble être un phénomène irréversible. Les gouvernements ont multiplié les politiques de lutte contre la crise dans le but de freiner sa progression. Cependant, ces politiques semblent être limitées et peu efficaces, tels que :

• Les politiques passives :
Ont pour objectif d’accompagner socialement le chômeur en l’indemnisant pour assurer au chômeur un revenu de substitution (qui représente 40% des dépenses globales de la politique d’emploi). Le but ici est, d’une part, est de rendre le chômage plus tolérable et réduire ainsi les risques de pression sociale ; d’autre part, limiter les effets de ce cercle vicieux (criselicenciementbaisse de revenus distribuésbaisse de la demandeaccentuation de la crise) en accordant ces revenus de substitution. Cette politique encourage aussi la réduction de l’offre de travail, notamment en développant les préretraites, encourageant les immigrés de retourner dans leurs pays d’origine.
Ces politiques passives sont de plus en plus coûteuses, car le montant des indemnisations augmente avec le chômage. Bien qu’elles soient nécessaires socialement, elles sont inefficaces économiquement du fait de son impact négligeable sur l’offre de travail.

• Les politiques actives:
Ont pour objectif de favoriser la création d’emploi (exonérations fiscales, diminution des charges patronales,…) et d’assurer un meilleur fonctionnement du marché de travail (Ajustement entre offre et demande de travail en favorisant la mobilité des actifs et en amélioration des formations).

Exemples :
• Le contrat de génération. Les plus touché par le chômage étant les jeunes et les seniors, l’idée est d’aider financièrement les entreprises qui conserveront un senior servant de tuteur à un jeune…

• Emplois d’avenir : pour les jeunes n’ayant pas de diplômes.

Cependant ces politiques actives ont des effets limités :

– En favorisant l’emploi des actifs, cela peut menacer l’emploi de certains autres.
– Effets limités car cela ne s’attaque pas aux causes du chômage. Le fait d’augmenter la qualification des actifs ne diminue pas le nombre de chômeur. Si ces derniers sont moins qualifiés, c’est parce que le sous emploi a favorisé la forte concurrence entre les actifs. L’intérêt de ces formations est seulement social (aide aux salariés les moins qualifiés).

2) Les politiques globales de sortie de crise

• Politique de relance :

Selon J.M.Keynes, le niveau de l’emploi se dépend du niveau de la production. Il est donc nécessaire, pour lutter contre le chômage, de mettre une politique de relance.
Les caractéristiques de cette politique sont :
– La baisse des taux d’intérêts  Favoriser les emprunts et l’investissement.
– Le déficit budgétaire Augmenter la demande globale grâce aux dépenses de l’Etat.
– Hausse de la demande des ménages grâce à l’augmentation des salaires et des revenus de transfert (allocations,…).

Cependant, ces politiques de relance ne peuvent être mise en place car elles sont inflationnistes. En effet, la hausse des salaires nominaux est une source d’inflation car elle augmente les couts de production des entreprises et celles-ci se voient alors de rehausser leurs prix afin de restaurer leur marge bénéficiaire.

• Politiques restrictives :

D’origine libérale, elles cherchent à diminuer l’inflation en augmentant les taux d’intérêts et à redresser les profits des entreprises afin de faciliter l’investissement et l’autofinancement. Ces politiques tentent alors de modérer les salaires et la demande.
A court terme, ces politiques réduisent la croissance et accentuent le chômage. Mais à moyen terme, elles permettent à l’économie de se relancer sur de nouvelles bases.
Toutefois, dés 1990, alors que les taux de croissance ainsi que ceux du chômage étaient satisfaisant depuis 1980 (dans les pays de l’OCDE), la croissance se ralentit et le chômage a repris son ascension.

II – La flexibilisation du travail et le chômage

1) La flexibilisation du travail, une solution efficace pour juguler le chômage

Durant les 30 glorieuses, les rigidités des salaires et de l’emploi se sont multipliées. Ces un des facteurs du chômage. On peut donc se poser la question suivante : Est ce que la flexibilisation des emplois de l’emploi et des salaires peut lutter contre le chômage ?
Selon les libéraux, il faut mettre fin aux rigidités de l’emploi qui empêchent les entreprises de s’adapter a la conjoncture économique. Par exemple, l’usage d’un CDI (contrat a durée indéterminée) est un obstacle a cette flexibilité. Les licenciements coûtent des frais importants pour les entreprises
Les entreprises ont donc généralisé ce que l’on appelle la flexibilité quantitative externe qui leur permet d’ajuster le nombre de salariés. Pour cela, elles ont obtenu un assouplissement des procédures de licenciement et ont bénéficié de l’accroissement du nombre d’emplois régis par des contrats a durée déterminée (CDD).
Elles ont aussi développé la flexibilité quantitative interne, c’est-à-dire que les entreprises peuvent externaliser une partie de l’emploi en ayant recourt a l’intérim, des contrats avec des entreprises prestataires de services, sous-traitance. C’est de la rationalisation de l’emploi.
Les économistes libéraux cherchent à mettre fin aux rigidités des salaires qui pénalisent les couts salariaux et qui nuisent a l’emploi. Pour cela, ils souhaitent généraliser la flexibilité des rémunérations en supprimant le salaire minimum, par exemple, qui, selon eux, pénalise l’emploi.

Selon ces économistes, la flexibilisation freine les suppressions d’emplois car elle amortit les fluctuations conjoncturelles (Les entreprises peuvent éviter de recourir aux licenciements et sont enclins a embaucher car elles savent que les emplois sont temporaires et les rémunérations sont flexibles). La flexibilisions rend les prix plus compétitifs car il y’a réduction des couts et améliorations des marges bénéficiaires. Ainsi la bonne situation financière et leur compétitivité sont favorables a la reprise de l’activité et donc a la baisse du taux de chômage.
Elle favorise l’insertion professionnelle et sociale car :
– Lors d’une bonne conjoncture économique, les contrats atypiques peuvent se transformer en contrat de durée indéterminée.
– Permet l’insertion et la formation de jeunes salariés.

Ainsi les pays qui ont un taux de chômage le plus bas sont souvent ceux qui ont recourt a une flexibilité quantitatives des plus fortes. On peut donner l’exemple du Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Japon qui avaient respectivement 5,3%, 3,9% et 4,6% en 2007, la veille de la crise ; La France quant a elle, avait un taux de 8,3%.

2) Limites de la flexibilisation

La thèse libérale a néanmoins montré ces limites face au chômage. Cette gestion de la main-d’œuvre satisfait plus les entreprises et leurs actionnaires que les salariés.

• La flexibilisation ne lutte pas toujours efficacement contre le chômage :
En effet, cette flexibilisation profite surtout aux entreprises car ils peuvent diminuer leurs coûts de production. La flexibilisation de l’emploi leur permet d’ajuster le niveau d’emploi, et donc maintenir leurs coûts de production. Certes leur taux de marge s’améliorent, toutefois, cela n’assure en rien un redressement de l’emploi.
De plus, elle a des effets contradictoires. Si le salaire est un coût qu’il faut contrôler pour les entreprises, c’est aussi un revenu qui stimule la demande. Ainsi, si les libéraux assurent que la flexibilisation est favorable à l’offre, elle risque, selon les keynésiens, d’être défavorable pour la demande.
• La flexibilité développe le dualisme du marché du travail :
Avec tous ces emplois créés, on pourrait croire que le chômage diminue. Mais en fait, il y’a juste un effet de substitution entre les emplois atypiques et les CDI. D’où la théorie du dualisme de M-Piore et B.Doeringer. Elle met en évidence deux marché du travail, l’un appelé marché primaire/central (constituer des emplois stables ou typiques) et un autre appelé marché secondaire/périphérique (emplois instables et précaires). Ainsi, la flexibilisation provoque une certaine précarisation de l’emploi.
Elle contribue aussi à développer un chômage que l’on peut qualifier de répétitif car, pour les travailleurs précaires, il y’a une alternance fréquente entre période d’emploi et période de chômage.

Alors, comment la France peut contrer ou même freiner le chômage ?
– Une politique économique appropriée peut limiter la hausse de chômage ou même le baisser. Bien que les politiques de l’emploi ne puissent totalement résorber le chômage, elles permettent néanmoins de rendre le chômage plus tolérable et d’en limiter la hausse.

– De plus, il est nécessaire de créer de l’emploi, d’où l’importance de la mise en place des politiques de relance. Afin qu’il n’y ait pas trop d’inflation, elles doivent être modérées, c’est-à-dire, pas de trop grosse baisse des taux d’intérêt ou d’aggravation du déficit budgétaire.

– Le partage du temps de travail peut favoriser la baisse de chômage s’il ne provoque pas une trop forte augmentation du coût de la main-d’œuvre. Mais comme en témoigne la France aux 39 heures puis aux 35 heures, ses effets sont limités.

– Les pays qui ont flexibilisé leur marché du travail enregistrent généralement des taux de chômage plus faibles. Une politique de flexibilisation est donc susceptible de réduire le chômage, mais elle risque de renforcer la précarité des emplois. La flexibilisation a elle seule ne peut suffire, comme la montrer la flexibilisation de la France durant les deux dernières décennies et qui n’ont pas résolue la crise de l’emploi.

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