Je vais aujourd’hui aborder un point important dans l’apprentissage de l’ESH et dans une plus large mesure de l’économie. Ce point de méthodologie s’adresse davantage aux étudiants qui sont très à l’aise en économie et qui l’aiment. Je m’explique : ici, il ne suffit pas d’être bon i.e bien assimiler le cours et rendre une copie solide et structurée. Il faut comprendre les mécanismes de l’économie (quels phénomènes se produisent si le taux d’intérêt augmente, si le taux de change baisse, différence entre un économie ouverte et fermée etc…) de façon intuitive et rapide car les économistes, dans la plupart des articles, s’adressent à leurs pairs et donc peuvent passer sous silence ces petits mécanismes qu’il faut connaître parfaitement.

Par ailleurs, il faut aimer l’économie, essayer de la comprendre et d’arriver à placer l’économiste au sein d’un groupe de pensée qui adopte un certain nombre d’hypothèses. Si vous avez tout cela, il est grand temps de lire des articles !

Pourquoi lire un article d’économie ?

Avec la charge de travail et le manque de temps, aucun préparationnaire ne lit d’article d’économie car ils font souvent des dizaines de pages, écrits en anglais, avec des formules mathématiques que l’on ne voit même pas en cours et des sujets très spécifiques. Ceci est fort dommage car lire un article a plusieurs vertus non négligeables :

Il amène une référence précise et originale (unique) sur un chapitre qu’aucun étudiant n’aura
(vraiment personne) que vous pourrez développer totalement de façon minutieuse dans vos copies, creusant un trou béant entre vous et les autres. De plus, le professeur pourrait ne pas connaître cette référence, renforçant sa force et son originalité.

Il permet d’approfondir la référence donnée par le professeur : dans votre cours, vous avez des références de nombreux articles mais le professeur n’a peut-être pas étayé (ce fameux manque de temps en seconde année pour finir le programme…), si vous prenez la peine d’approfondir la référence en la lisant puis en la fichant, vous ferez un travail doublement bénéfique.

Il entraîne un effet de ruissellement : dans un article, les économistes citent d’autres économistes (parfois eux-mêmes, même souvent!) qui vous permettent d’aller les consulter également et enrichir encore plus vos idées et thèses. Cela se décuple bien sûr à l’infini (au nombre d’articles publiés depuis Adam Smith…), il ne faut donc prendre que ce qui vous intéresse.

Il améliore votre anglais : on a tendance à l’oublier mais 90% des articles sont en anglais et, bien que ce dernier ne soit pas compliqué (la valeur didactique de certains écrits joue là-dedans) il vous fera progresser en anglais comme un article de journal avec des termes plus spécifiques.

Il améliore vos maths : surprenant en effet, mais ça améliore votre compréhension de certaines mathématiques, cela ne servira sûrement pas pour les concours (encore qu’on parlait de coefficient de Gini aux maths ESSEC II 2017 ou des applications de la fonction Cobb-Douglas à HEC ECS) mais peut vous aider à mieux percevoir cette fameuse « utilité » des maths dont certains doutent encore l’existence : les articles sur la finance sont très axés sur les probabilités par exemple, parlant de variance, de co-variance et d’espérance. Avec des exemples empiriques, on peut mieux assimiler l’idée de variance dans notre « vrai » monde.

Il vous permet de considérablement étayer votre pensée. Votre argumentation sera tellement enrichie par les propos de différents articles que -inconsciemment- vos idées seront influencées par ce que vous lirez et auront donc une portée bien plus intéressante (même si je ne doute pas un seul instant que ce que vous racontez est passionnant).

Il évite les clichés. On peut se méprendre en écoutant certains professeurs que les économistes sont soit blanc soit noir et quelques fois un peu noir clair ou blanc foncé. Généralement, ils sont d’accord et approfondissent et travaillent conjointement pour des explications encore plus fructueuses. Cela vous évitera d’avoir des plans faits en fonction d’idées contradictoires entre les auteurs. Par ailleurs, vous verrez que les économistes ont (souvent) raison, contrecarrant l’idée générale que les néoclassiques ont toujours faux, forçant les hypothèses au maximum par exemple.

Comment lire un article d’économie ?

L’article d’économie est presque toujours structuré de la même manière (un peu comme une dissertation) du moins les articles anglo-saxons. On a généralement le résumé au tout début, l’économiste présente ce qu’il va analyser/démontrer.

Après cela, il fait une introduction, présentant son plan, s’en suit le développement où les graphiques peuvent être incorporés ou alors se retrouvent en annexe, à la toute fin. Après, il fait une conclusion et ajoute les annexes et la bibliographie:

Souvent on aura des annotations/références en bas de page plus ou moins développées.

Si vous avez le temps, le must est de lire l’article en entier pour comprendre tous les enjeux : si vous avez déjà fiché la seconde année (ou si vous êtes cube), faites-le ça remplacera les heures où les autres travaillent l’économie.

Si vous n’avez vraiment pas le temps, prenez un samedi après-midi, une pause midi pour lire le résumé, l’introduction et la conclusion en les fichant. Vous louperez des éléments mais vous aurez la référence et l’idée principale, ce qui fait déjà la différence le jour J.


signé: Morgan Sachs