On peut définir la globalisation financière comme étant la constitution d’un marché régional intégrant des financements extérieurs. C’est une tendance qui s’est développée durant la seconde moitié du XXe siècle et encore plus à partir du début des années 1970 dans le cadre de la seconde mondialisation.

 Les trois principales caractéristiques de la globalisation sont de nature :

  • Géographique : la mobilité des capitaux d’un pays ou d’un autre est libre et doit entraîner en théorie une meilleure allocation des richesses.
  • Fonctionnelle : le marché des capitaux se compartimente en plusieurs marchés différents (marché monétaire, marché des changes, marché boursier, bourse des matières premières, bourse des actions, bourse des bons du trésor, et ainsi de suite).
  • Temporelle : les marchés sont aujourd’hui connectés 24h/24 et de plus en plus interconnectés les uns avec les autres.

Après cette courte définition de la globalisation financière, regardons désormais ses caractéristiques, ses conséquences et ses dérives !

I – Caractéristiques de la globalisation financière : les « 3D »

Avec une demande de capitaux exponentielle et des progrès technologiques importants, les marchés financiers ont subi à la fin du XXe siècle, et particulièrement dans les années 1970, une triple révolution (très souvent nommée les « 3D »).

L’expression des 3D a été inventée par l’économiste Henry Bourguinat dans Finance Internationale et a été très en vogue dans les années 1980 et 1990, période où elle a impacté les pays industrialisés.

  • Déréglementation : suppression des règlements et contrôles sur les prix des services bancaires afin de permettre une totale circulation des flux financiers.
  • Désintermédiation : accès de plus en plus direct des entreprises aux financements par émission de titres plutôt que par endettement auprès des acteurs institutionnels (banques, etc.).
  • Décloisonnement : suppression des divisions classiques entre banque de dépôt et banque d’investissement. Autrement dit, entre compte courant et compte à terme. Au niveau international, cela se traduit par la libre circulation des capitaux permis par l’abolition du contrôle des changes.

On peut désormais ajouter un quatrième D à la théorie de Henry Bourguinat, à savoir la Dématérialisation. Cette dernière survient grâce au développement rapide des technologies de l’information dans les années 1990, qui permettent aujourd’hui, via des terminaux comme par exemple Bloomberg, Reuters ou Six Telekurs, de démocratiser l’accès aux marchés en temps réel.

II – Conséquences sur le développement des marchés

La globalisation financière des années 1980 a favorisé le financement de certaines entreprises via des levées de capitaux records et celui des balances des paiements. La globalisation a supprimé les obstacles à la circulation des capitaux et a provoqué un engouement sans précédent en faveur des marchés financiers, ce qui peut aujourd’hui expliquer leur place si importante.

Avec le quatrième D enfin, les informations financières sont diffusées à l’échelle mondiale et en temps réel, ce qui permet de créer une certaine spéculation devenant désormais excessive et entraînant une très forte volatilité sur les marchés. La spéculation sur la sphère informatique dans les années 2000’, sur les crédits subprimes en 2007, sur la dette étudiante et sur l’explosion du gaz de Schiste aujourd’hui n’en sont que les conséquences.

Notons que cependant, certains économistes considèrent que la spéculation apporte une certaine fluidité sur le marché et lui permet d’être en action en tout temps. Il y aurait alors une fluidité d’investissements en fonction des perspectives économiques, mais leurs effets sont critiqués par d’autres économistes, considérés comme devenue incontrôlables par le système bancaire et par le système financier international.

III – Dérives sur la déconnexion entre la « finance folle » et la « production réelle »

La finance a aujourd’hui une place si importante qu’elle fait peur, et à première vue, elle se déconnecte peu à peu de l’économie réelle. Car en se déconnectant 5 secondes de la « finance champagne » (Wall Street, Bonus, The big short, Madoff, Traders, Cocaine et autres clichés qui s’enracinent désormais dans la culture populaire, incarnés par la célèbre citation de Gordon Gecko dans Wall Street, « Greed is good »), on voit que la réelle finalité de la finance est de lever des capitaux afin de financer les activités des entreprises et de leurs permettre d’augmenter leurs productions réelles.

Aujourd’hui, les investisseurs financiers de portefeuille à but dit spéculatif ont supplanté les investissements directs à but industriel et commercial. En d’autres termes, les marchés financiers ne sont plus un moment de financement mais un moyen de créer de l’argent de manière artificielle.

Cela s’incarne par la création de produits dérivés (les contrats à terme, les swaps et ainsi de suite) qui constituent un instrument efficace de gestion des risques mais facilitent tout de même la spéculation en raison de leurs effets de levier. Dans le film The big short (et surtout dans le roman The big short écrit par Lewis), on peut voir que certains financiers peu scrupuleux ont créé des swaps pour parier à la baisse sur la santé économique du marché des prêts hypothécaires à taux variable. Cet exemple montre bien qu’aujourd’hui à la bourse on peut parier sur tout, mais surtout sur n’importe quoi.

IV – Dérives entraînant un manque de transparence

Pour les raisons qu’on a pu voir dans la troisième partie, les critiques envers le système financier actuel qui découlent de la globalisation financière des années 1980 sont de plus en plus importantes, surtout depuis la crise de 2008.

Dans ce système de plus en plus opaque, certains magistrats ont lancé des appels pour dénoncer l’existence de comptes non publiés de clients occultes, le plus souvent domiciliés dans les paradis fiscaux. C’est ce qu’on appelle les « boites noires » de la mondialisation financière.

Et c’est pourquoi depuis cette globalisation financière, le ratio McDonought issu des accords de Bâle II qui définit dans l’un de ses piliers l’exigence de la transparence de l’information financière et de la communication financière a plusieurs fois été redéfini.

La globalisation financière a donc du bon et du mauvais. Elle est aujourd’hui indispensable à l’économie mondiale mais doit être régulée et contrôlée pour éviter toutes nouvelles dérives. Cela parait aujourd’hui compliqué car les enjeux financiers sont trop élevés, et comme l’écrivait Joseph Stiglitz en 2010, « le secteur est habile : quelles que soient les réglementations qui lui seront imposées, il imaginera des moyens pour les contourner. La réglementation doit donc être exhaustive et dynamique ».

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