Quand on parle de la Dutch Disease pour un pays, on veut parler de la malédiction des matières premières. Certains pays qui abondent en matières premières fondent toute leur économie sur ces rentes et négligent le développement de leur industrie, ce qui à long terme finit par poser les problèmes d’une hausse du prix relatif des services, du déficit commercial hors matières premières, de la désindustrialisation… En effet, si l’économie se porte bien tant que le cours des matières premières est élevé, le pays s’effondre en même temps que le cours quand ce n’est pas le cas. Ces pays souffrent alors du manque de diversification de leur économie.

L’expression est née lors du boum du gaz naturel aux Pays-Bas, dans les années 60. On avait alors enregistré un recul des entreprises manufacturières.

Nous pouvons illustrer ce phénomène par un exemple d’actualité : le Venezuela. Ce grand pays d’Amérique Latine fait partie de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et il possède des réserves estimées de 296,50 milliards de barils de pétrole selon un rapport de l’OPEP de 2011, soit des réserves plus importantes que celles de l’Arabie Saoudite. Autant dire : selon ce rapport, le Venezuela aurait les plus grandes réserves mondiales de pétrole conventionnel. Sûr de son atout, Caracas a donc fondé la majeure partie de son économie sur le pétrole : les exportations d’hydrocarbures représentent plus de 80% des recettes d’exportations du pays.

Mais en revanche, il n’y a eu que peu d’investissements dans l’industrie, qui est peu développée. Le problème de cette politique de rente est apparu récemment, lors de la chute des prix du pétrole : ils sont passés de 100 dollars en décembre 2014 à 40 dollars en septembre 2015, entraînant une baisse de 13,5% des revenus du Venezuela selon l’administration de l’énergie américaine. Les conséquences de cette perte ne sont plus à démontrer. Aujourd’hui, il est presque impossible de trouver des produits de base au Venezuela, qui souffre d’importantes pénuries. Certaines femmes ont même dû franchir la frontière avec la Colombie cet été pour s’approvisionner. Le Venezuela est donc un exemple-type de pays ayant subi les revers de la Dutch Disease (pour plus de renseignements sur la situation du Venezuela, voir l’article de Sarah sur la triple crise du pays : /).

On peut aussi relier l’exemple du Venezuela avec celui de la Russie et du Nigéria (voir la synthèse d’actu de l’Afrique de cet été : https://major-prepa.com/geopolitique/synthese-dactualite-estivale-afrique-moyen-orient/).On peut illustrer la Dutch Disease avec un exemple plus ancien, celui du Burkina Faso. Ce petit pays d’Afrique de l’Ouest a décidé de fonder son développement économique sur l’exploitation et l’exportation de coton. C’est le premier producteur de coton africain. Malheureusement pour son industrie, ce sont en grande partie des entreprises occidentales qui s’occupent de la transformation du coton, ce qui n’entraîne pas le développement de ce secteur. Le Burkina Faso est donc doublement dépendant : d’une part, il est dépendant des entreprises occidentales et d’autre part, des cours des matières premières.

Pour finir, selon les études de Patrick Artus, tous les pays exportateurs de matières premières (l’OPEP, la Russie, le Canada…) souffrent de la maladie hollandaise. De nombreux pays d’Afrique sont également concernés, notamment ceux qui possèdent des hydrocarbures (Ghana, Nigéria). Pourtant, l’industrie apporte de la valeur ajoutée aux emplois, offre des perspectives de carrière et des hausses de productivité.  Elle permet ainsi la croissance.

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