Tu peux retrouver le sujet de l’épreuve ici : Géopo ESSEC 2018 – Sujet

Et l’analyse là : Géopo ESSEC 2018 – Analyse du sujet

Les statistiques

2 305 candidats, 10,50 de moyenne (3,43 d’écart-type).

Le rapport

Le sujet

2018 : La construction européenne confrontée à la question de la nation (1951-2018)

Barème, attentes du jury

Le jury attend avant tout une claire compréhension du sujet obtenue à partir d’une identification et d’une définition précise des termes, concepts et dates que ce dernier comporte. (Qu’entend-on par « construction européenne » ? Qu’est-ce que la « nation », un concept à analyser dans sa diversité (« nationalités », État-nation, etc…) et à replacer dans sa perspective historique et culturelle (attention à prendre en considération l’ensemble de la période et non seulement l’actualité immédiate afin d’aboutir à une correcte mise en perspective de la question posée).

En effet, ce travail de définition doit aboutir à mettre en évidence les questions et les problèmes que le sujet recèle. Pourquoi le sujet utilise-t-il les termes « confrontée à… » ? Comment se sont organisés sur deux tiers de siècle les rapports entre, d’une part, une Europe aux penchants supranationaux et, d’autre part, des nations attachées à leur souveraineté ? Dialectique quelque peu schizophrénique puisque les États-nations cherchent force et prospérité en s’unissant dans une construction commune, en même temps qu’elles se méfient de cette dernière, craignant de s’y dissoudre. Comment les progrès de l’Europe sont-ils nés des compromis que suppose cette dialectique souvent feutrée, parfois conflictuelle ? La construction européenne est-elle menacée aujourd’hui par le « retour de la nation » et l’exacerbation de certains nationalismes face aux désillusions de la mondialisation et à la « crise migratoire » ?

À partir de là, le candidat doit répondre aux questions posées en organisant sa réflexion en plusieurs parties équilibrées. Il aboutit librement à ses conclusions mais toujours de manière argumentée. Il est jugé essentiellement sur sa capacité d’analyse, d’organisation et de rédaction et la maîtrise des connaissances de base.

Remarques de correction

Les observations des correcteurs se rejoignent et soulignent plusieurs déficiences. Dans beaucoup de copies, la nation est définie de manière simpliste, trop souvent assimilée à « état » ou « pays », ou encore confondue avec le nationalisme.

La question de « la » nation est trop systématiquement ramenée à une interrogation sur « les » nations, sous-entendus les États. Les formes et incarnations diverses de la nation, à des échelles multiples (États-Nations et nationalismes « régionaux » …), ses contradictions, la part de passion qui l’habite, le rôle de refuge qu’elle peut représenter (pour certains plus que pour d’autres) la perception (à tort ou à raison) des valeurs et des ombres que les hommes, l’histoire, la terre lui auraient conférés, sont rarement évoqués. Bien souvent, on renverse la proposition et l’on traite trop systématiquement « les nations et l’Europe ». Même les définitions les plus élémentaires sont souvent oubliées sitôt l’introduction achevée et le devoir retombe parfois, dans l’ornière d’un déroulement mécanique des connaissances.

Les meilleures copies mettent en évidence la double contradiction qui hante le sujet : ce sont les nations qui veulent l’Europe (les grandes nations « construites », telles que Renan a pu les décrire), parce qu’elles y trouvent avantage, d’une manière ou d’une autre. Même l’Allemagne qui payait pour tout le monde y trouvait, il fut un temps, un brevet de respectabilité et un ancrage rassurant. Et un sincère désir de paix et d’idéal européen ne sont pas à exclure non plus dans cette propension des nations à se rapprocher au sein d’une construction commune. En même temps elles craignent d’y perdre leur souveraineté et se défendent de l’emprise de « Bruxelles ». Nombre de copies, bonnes et moyennes, font apparaître cette première contradiction qui oblige la construction européenne à composer avec la question nationale. Moins nombreuses sont les copies qui mettent en évidence la seconde contradiction, celle d’une Europe qui protège les minorités nationales (frôlant la majorité dans certains États baltes) parfois au risque d’affaiblir les États-nations et de miner la construction elle-même.

Trop peu de copies parviennent à suivre un plan rigoureux. Happés par le récit, les candidats se laissent aller à une histoire de la CEE/UE et à des développements qui ont plutôt pour thème « élargissement et approfondissement », « unité et diversité », « les limites de l’Europe » etc. Les discours populiste ou pro-européen, sans prise de distance, déteignent sur les copies. Même si de nombreuses copies évoquent les responsabilités de la crise des migrants ou (plus rarement) les effets pervers de la mondialisation, il faut bien constater la rareté des analyses explicatives, l’absence des femmes et des hommes dans des récits désincarnés accumulant les dates et les faits. Et ce n’est pas pour autant que les institutions sont correctement prises en considération.

Si certains candidats intègrent la dimension chronologique, c’est souvent pour s’abandonner à une démarche uniquement descriptive. La trace du communisme et l’impact de la chute du mur, la situation nationale à l’Est sont rarement cités : il y a là comme une trappe dans les représentations mentales de beaucoup de nos étudiants. La politique de la chaise vide et le Conseil de l’Europe sont méconnus. De manière générale d’ailleurs, en dehors d’une référence à la CECA on constate l’habituel déficit des souvenirs de la première année de la prépa. Les chocs qu’ont représentés la Yougoslavie, les « printemps arabes », l’Ukraine dans l’élaboration d’une PESC sont trop rarement évoqués. En revanche l’actualité immédiate est omniprésente : le Brexit et « Macron » sont rarement absents des copies.

Conseils aux futurs candidats

L’épreuve de l’ESSEC ne comporte qu’un seul sujet. Il est donc essentiel de ne pas faire d’impasse. Il vaut mieux une connaissance plus large de l’ensemble du programme que celle, plus approfondie, de tel ou tel « module ».

Il est particulièrement important d’acquérir et de maintenir une bonne connaissance du programme de première année. La plupart des sujets à forte connotation géopolitique exigent une certaine profondeur historique qui n’est correctement acquise que par la maîtrise des deux années de la classe préparatoire.

La lecture de la presse et de quelques essais stimulant la réflexion est bien sûr fortement recommandé En effet, plus que sur l’accumulation de connaissances, le candidat est jugé sur la finesse de ses analyses, ses qualités d’organisation et de rédaction renforcées par la lecture. Cependant s’il est parfois pertinent de citer tel auteur ou tel ouvrage, il est tout à fait déconseillé de multiplier de manière pédante les références de livres (d’ailleurs bien souvent manifestement non lus !).

Un soin tout particulier doit être apporté à l’introduction, qui définit les termes, pose les problèmes, annonce la dé Attention à ce qu’elle ne se révèle pas être un exercice artificiel et aussitôt oublié, plaquée à l’entrée d’une dissertation qui sitôt après prend un cours empirique et plus ou moins aléatoire. La rigueur (les aspects essentiels du sujet, et rien que le sujet) est un critère important du jugement.

Il convient de se servir correctement des documents fournis à l’appui de la dissertation : les recopier ou les plagier est inutile ; s’en servir pour se prémunir d’oublis fâcheux ou y déceler des pistes de réflexion est mieux.

Attention à la relecture du devoir une fois la rédaction achevée. Nombre d’erreurs, parfois très péjoratives et souvent liées à l’émotion ou à l’étourderie plus qu’à la méconnaissance peuvent ainsi être évitées. Ici par exemple il eut été bon d’éviter de parler des « accords de Shenzhen » en lieu et place des « accords de Schengen »…

Statistiques

2306 copies pour l’épreuve d’Histoire-Géographie Géopolitique

Moyenne générale : 10,50

Écart type : 3,43

Nombre de copies évaluées à 15 et plus : 366, soit 16% du total des copies