Terre

Aujourd’hui, on analyse un sujet un peu plus « classique » que les deux précédents, certes, mais qui présente lui aussi ses difficultés. Ce sujet s’intitule : « Le Tiers-Monde et le reste du monde, uniquement un rapport de soumission ? » J’espère qu’il t’inspire parce qu’on commence maintenant !

Si tu n’as pas lu la dernière analyse, je te la mets ici : « Un drame asiatique est-il encore possible ? »

« Le Tiers-Monde et le reste du monde, uniquement un rapport de soumission ? », un sujet de colle de géopolitique trivial ?

À première vue, ce sujet semble presque simple. Et cette fois, c’est vrai, il n’y pas de piège. Les termes sont simples et n’ont pas de sens caché à déceler. Mais est-ce pour autant une raison de se reposer sur ses lauriers ? Évidemment, non… L’écueil à éviter lorsqu’on reçoit ce genre de sujet est d’agir comme une tête brûlée et de sous-estimer la difficulté du sujet. En effet, face à un sujet que l’on croit facile, on a tendance à vouloir noircir un maximum notre feuille de brouillon avec notre cours, sans prendre le temps de réfléchir à un plan béton. Et c’est bien là l’erreur, puisque les colleurs/jurys auront tendance à être plus exigeants si le sujet ne comporte pas de grande difficulté sémantique, d’où la nécessité de ne rien laisser au hasard et de bien réfléchir aux termes.

Face à un tel sujet, l’enjeu va être de se différencier, de ne pas pondre de plan tout fait, d’éviter le hors sujet et d’être pertinent. Donc, ne lésine pas sur les efforts, même si ce sujet te semble plus simple que d’ordinaire. Comme d’habitude, n’oublie aucun point de l’étape de réflexion et prends le temps de bien définir les termes. Tu ne peux qu’y gagner, même s’ils te semblent « triviaux ».

Comme à l’accoutumée, je t’invite à prendre vingt minutes pour réfléchir dans les conditions d’un oral de colle, histoire que cet article devienne un véritable exercice. Pour optimiser au maximum ces vingt minutes, tu peux également lire la partie intitulée « Mes conseils pour t’aider dans ta réflexion » du premier article de cette série : « L’Europe, combien de divisions ? »

Analyse du sujet de colle

J’espère que ces vingt minutes ont été fructueuses et que tu as pu élaborer un plan dont tu es fier !

Pour commencer cette analyse, laisse-moi t’introduire une citation que tu peux insérer en introduction de colle et/ou de dissertation. « Ce Tiers-Monde, ignoré, exploité, méprisé comme le Tiers-État, veut, lui aussi, être quelque chose. » C’est avec ces mots, qu’en 1952, dans une chronique intitulée « Trois mondes, une planète », Alfred Sauvy invente l’expression de Tiers-Monde. Par « Tiers-Monde », on entend ici un troisième monde constitué des pays en retard de développement, pour la plupart des pays anciennement colonisés. On parle ici de troisième monde puisqu’en effet, en contexte de guerre froide, deux mondes existent déjà et s’opposent, le monde capitaliste d’une part et le monde communiste d’autre part (ceux-ci constituent le reste du monde).

À la lumière de leur passé colonial, les pays du Tiers-Monde peuvent être considérés comme soumis, mais alors, nouvellement indépendants, que deviennent les rapports entre le Tiers-Monde et le reste du monde ? Et s’il y a des rapports autres que des rapports de soumission, quels sont-ils ?

En ce qui concerne les bornes chronologiques, le terme de « Tiers-Monde » est caduc depuis la fin de la guerre froide. En effet, comment parler de Tiers-Monde quand les deux autres ne sont plus une réalité ? Ainsi, la démonstration devra s’attarder sur l’époque de la guerre froide. Par ailleurs, j’ai énoncé deux problématiques, mais elles sont intrinsèquement liées. Puisqu’en effet, avec le terme « uniquement », le sujet nous invite à mettre en lumière d’autres rapports que le rapport de soumission déjà évoqué.

Proposition de plan

Sans plus attendre, laisse-moi t’introduire le plan de ma démonstration. En premier axe, on montre qu’il existe bien un rapport de soumission entre le Tiers-Monde et le reste du monde, et on le développe. Dans un deuxième temps, on montre qu’à l’indépendance, un rapport de force s’installe entre le Tiers-Monde et le reste du monde. Enfin, en dernier axe, on s’attache à développer le rapport de coopération entre les deux « entités », toutefois on termine en soulignant que cette coopération cache en fait une sorte de rapport de soumission dû à la dépendance des pays du Tiers-Monde vis-à-vis du reste du monde pour son développement.

I – Le Tiers-Monde et le reste du monde : un rapport de soumission

A) Un Tiers-Monde soumis à la domination coloniale

Les pays du Tiers-Monde sont pour la plupart en début de période des pays anciennement colonisés ou en voie de décolonisation.

B) Le Tiers-Monde soumis à la rente aux pays du reste du monde

Les pays du Tiers-Monde, même décolonisés, restent cantonnés dans leur fonction traditionnelle de pays fournisseurs de matières premières aux pays du reste du monde : des matières premières agricoles comme les fibres de textiles, minerais divers et énergie, et en particulier le pétrole.

C) Le Tiers-Monde soumis à la logique bipolaire du reste du monde

Même si le Tiers-Monde s’est bâti sur le principe du non-alignement, en opposition à la logique bipolaire du reste du monde, il n’en reste pas moins que les pays le composant finissent par s’aligner sur les blocs (l’Égypte entre autres).

II – Le Tiers-Monde et le reste du monde : un rapport de force

A) La décolonisation : le Tiers-Monde se réveille

Au début de la période, les métropoles des Empires sont affaiblies par la Seconde Guerre mondiale et font face à la montée des revendications indépendantistes.

B) Le Tiers-Monde s’affirme sur la scène internationale

Le Tiers-Monde s’affirme face au reste du monde qui l’a « exploité, méprisé, ignoré comme le Tiers-État », selon les mots d’Alfred Sauvy. Il veut se faire entendre et ne plus être ignoré. C’est pourquoi les pays du Tiers-Monde vont se réunir en Indonésie lors d’une conférence internationale, la conférence de Bandoeng en 1955.

C) Le pétrole, arme géopolitique du Tiers-Monde dans son bras de fer avec le reste du monde

Suite à la guerre du Kippour, la décision des pays arabes exportateurs de pétrole d’en réduire la production provoque un choc pétrolier et montre la détermination des pays du Tiers-Monde à faire entendre leur voix.

III – Le Tiers-Monde et le reste du monde : des rapports cordiaux de coopération internationale

A) Reste du monde soutient le développement du Tiers-Monde…

B) À travers des institutions spécialisées

La FAO, l’OMS, l’UNESCO, la Banque mondiale… sont les fers de lance de la coopération internationale et concourent au développement des pays du Tiers-Monde.

C) Finalement, cette aide s’avère être une forme cachée de soumission, de dépendance financière du Tiers-Monde au reste du monde pour son développement

Conclusion

Pour conclure, il apparaît que le Tiers-Monde n’est pas toujours soumis au reste du monde, puisqu’il existe en effet d’autres rapports. C’est ainsi que le Tiers-Monde nouvellement indépendant compte faire entendre sa voix et impulser son développement loin de la logique bipolaire. Ceci, tout en maintenant des relations cordiales avec les blocs, dont il tirera profit pour son développement.

Toutefois, l’aide fournie par les pays riches aux pays du Tiers-Monde pour le développement n’est pas sans cacher des intérêts en contexte de guerre froide. Puisqu’en effet, malgré l’affirmation des non-alignés de ne pas suivre la logique bipolaire du reste du monde, le Tiers-Monde se retrouve malgré lui prisonnier de ces logiques puisque beaucoup de ces pays s’alignent. Sous couvert de coopération affichée entre les pays du Tiers-Monde et le reste du monde, l’aide au développement est en fait une autre forme de dépendance : une soumission aux capitaux étrangers.

Voilà, tu es venu à bout de cet article ! J’espère qu’il a pu t’apporter quelques clés de lecture pour ce sujet et qu’il t’aura permis de réviser ton cours de manière efficace. Profite de ton temps libre pour prendre vingt minutes pour te pencher sur quelques sujets de colle, c’est une manière pratique de revoir ton cours et de t’entraîner aux oraux, mais aussi à l’exercice de la dissertation.