Depuis la réforme de la filière ECT effective depuis les épreuves de 2016, HEC, pour son épreuve de management, accorde désormais une importance non négligeable au contenu théorique dans la notation, transformant ainsi l’épreuve qui devient plus « rédactionnelle et littéraire » dans les questions proposées pour reprendre les termes employés dans les rapports récents du jury. Pour satisfaire ces nouvelles exigences, les candidats doivent être capables de mobiliser des références théoriques et des auteurs de deux manières distinctes : tout d’abord, ils doivent être en mesure de savoir réutiliser à bon escient les références fournies par les annexes. En effet, à travers ces documents, les concepteurs cherchent à distinguer les candidats capables non seulement de comprendre du contenu académique de niveau assez soutenu, mais surtout de le réutiliser concrètement, bien souvent afin d’organiser la réflexion autour de certains éléments clés d’analyse, ou encore d’appliquer un modèle qui se prête particulièrement bien à la situation de l’entreprise. Surtout, ils doivent être capables de montrer qu’ils ont eux-mêmes une certaine culture managériale et qu’ils ne sont pas simplement des techniciens qui se contentent d’avoir recours à des modèles bêtement appris par cœur.

À titre d’exemple, la question 1 du sujet 2017, qui a déstabilisé bon nombre de candidats (beaucoup n’ont pas compris ce qui était vraiment attendu de la part des correcteurs) illustre parfaitement cette double attente. La question était « Décrire le processus de décision stratégique de l’entreprise ». Or, aucune annexe décrivant concrètement comment étaient prises les décisions n’était fournie. Et pour cause, ce qui était attendue, c’était une approche théorique de la notion de décision stratégique ensuite appliquée au cas de PCN et de ses particularités, notamment l’importance des valeurs familiales, l’innovation, et surtout que ce leader européen provient des initiatives d’un grand entrepreneur. Clairement, une grande partie de la note s’est jouée dès cette première question et ceux qui ont su mobiliser les travaux de Herbert Simon données en annexe faisaient très bonne impression. Et ils s’assuraient même une excellente note s’ils étaient, en plus capable de mobiliser leurs connaissances théoriques personnelles sur la stratégie que nous connaissons pourtant tous parfaitement (la définition de ce qu’est une stratégie par Mintzberg, les typologies de stratégie de Porter, le fameux modèle SWOT résultant des travaux de Learned, Guts, Andersen et Christensen…).

Cet article a donc pour but de permettre aux étudiants de la filière ECT d’être en mesure de mieux répondre à ces nouvelles attentes, notamment l’apport de culture personnelle dans les divers domaines de la gestion, en proposant 5 livres, qui couvrent chacun un domaine bien particulier, et ce, de manière très complète, et qui, de nombreuses fois ressembleront à vos cours, mais en plus complets et concrets. Si les lire en entier n’est pas vraiment possible compte tenu du peu de temps que vous avez en prépa, les étudier afin d’approfondir certaines notions vues en cours, vous permettra, d’une part, de mettre des noms sur les définitions clés du management, et, d’autre part, de vous confronter à du contenu théorique dont s’inspirent directement les concepteurs. A noter que je conseille ici mes lectures personnelles, donc l’édition que j’ai lu. Mais il est certain que certains livres ont bénéficié de rééditions que vous pouvez très bien acheter celles-ci qui ne peuvent être que plus complètes.

Michael Porter ; L’avantage concurrentiel (1986)

La plupart des termes que vous employés en stratégie proviennent de ce grand professeur de Harvard que l’on connaît tous. De la notion de facteur clé de succès, à l’avantage concurrentiel, en passant par la chaîne de valeur ou les 5 forces concurrentielles, Porter est un incontournable et ne pas le citer au moins une fois relève du sacrilège. Tout étudiant de la filière ECT se devrait donc de faire honneur à l’auteur qui est l’origine de 90% de son cours de stratégie en lisant au moins l’un de ses livres. L’avantage concurrentiel a donc pour cela le mérite de ne pas se contenter de faire un gros plan sur un terme essentiel mais aborde toutes les notions clés en stratégie avec, à chaque fois, un grand travail de définition du terme et des enjeux liés. Comme chacun des livres suivants, chaque grande partie du livre pourrait correspondre aux chapitres de vos cours en beaucoup plus détaillés, et représente donc une mine d’or pour la définition des termes clés en stratégie.

Philip Kotler & Kevin Lane Keller ; Marketing Management. 14e Global edition (2012)

Pour beaucoup d’entre nous, les connaissances théoriques en marketing sont assez faibles. Rien d’étonnant donc à ce que soit très rare les élèves qui connaissent Philip Kotler. Et pourtant, il est au marketing ce que Porter est à la stratégie. S’il n’est pas l’inventeur des fameux 4P, Kotler, tout le long de sa carrière et même encore aujourd’hui, n’a cessé de redéfinir le Marketing et est le pionnier de son enseignement universitaire. Les multiples rééditions de son œuvre phare Marketing management illustre sa volonté d’adapter constamment son œuvre aux évolutions d’un domaine clé de l’entreprise. Si toutes les éditions balaient très larges dans les concepts abordés, je ne peux qu’encourager à acheter une des plus récentes où Kotler s’attarde désormais longuement sur l’impact des nouvelles technologies sur le marketing moderne avec notamment des chapitres dédiés aux e-commerce, l’importance de la CRM, les nouvelles méthodes de communication, les réseaux sociaux… Pour une trentaine d’euros, vous aurez entre les mains une analyse complète et illustrée par de nombreux exemples de grandes entreprises des notions sur lesquelles porteront les questions de marketing du prochain sujet. Il ne tiendra qu’à vous de les trouver dans cette bible du marketing. Et puis si vous avez la flemme de le lire, un glossaire est présent à la fin pour avoir la définition que vous cherchez.

 Jean-Marie Peretti ; Ressources humaines. 16e édition (2017)

Ne pas mobiliser de ressources théoriques pour aborder les questions de gestion des ressources humaines semble désormais suicidaire tant le domaine passionne les académiciens, notamment en ce qui concerne la motivation des salariés. Mais la discipline ne se limite pas qu’à savoir comment donner envie aux salariés de travailler. Dans cet ouvrage, Jean-Marie Peretti, professeur à l’ESSEC, propose un panorama des plus complets du domaine et aborde tous les enjeux majeurs. Il mêle revue de littérature, définition académique de la part des auteurs, approche historique, et même parfois modélisation graphique pour expliquer les grands enjeux de la politique de rémunération, l’importance du contrôle de la masse salariale, la nécessité de la GPEC. La rémunération, le recrutement et la GPEC sont notamment l’objet de grandes parties fournissant une vision des enjeux de chacune de ces problématiques tout à fait mobilisable le jour du concours.  Tous les éléments essentiels de la GRH sont abordés ce qui en fait un livre parfait pour approfondir certaines notions abordées en cours.

Robert Reix ; Systèmes d’information et management des organisations. 5e édition (2005)

En ce qui concerne les systèmes d’information, Robert Reix est tout simplement une référence (française qui plus est) incontournable et lire son œuvre est parfait pour avoir un aperçu complet d’une discipline délaissée à la fois par les élèves, et par les professeurs. Pourtant, citer Reix ou une des nombreuses références théoriques mobilisées par celui-ci ne peut que faire la différence. Comme les livres cités précédemment, Reix ne délaisse aucun point du domaine et propose définitions théoriques, explications des enjeux, des intérêts, des limites et illustre par des exemples concrets dans des grandes entreprises. La bibliographie est particulièrement riche, ce qui permet d’acquérir des références sur tous les enjeux englobant de près ou de loin les systèmes d’information. Ainsi, les systèmes d’informations, les PGI, les tableaux de bords et autres termes techniques à caractère informatique ne seront plus des termes barbares incompréhensibles.

Benjamin Graham ; The intelligent investor (1949)

Celui-ci est un peu particulier dans le sens où ce n’est pas le lire qui est le plus important mais plutôt de comprendre ce qu’a permis ce livre et ce qu’il a apporté au domaine de l’analyse financière. Car Benjamin Graham est avant tout réputé pour être un très grand investisseur pour qui les marchés financiers n’avaient pas de secret pour lui. C’était notamment un conseiller de Warren Buffett et Bill Gates affirme avoir été fortement influencé par son œuvre. Là où « le père de l’analyse financière » nous intéresse, c’est qu’il a tout simplement posé les jalons de la démarche que l’on adopte aujourd’hui et en a défini précisément les objectifs. Il distingue notamment trois objectifs : vérifier la solvabilité de l’entreprise, estimer la valeur de celle-ci, et enfin, en interne, servir de support à des fins stratégiques concernant des décisions d’investissement. Son œuvre légitime à elle seule le fait que vous établissiez un bilan fonctionnel pour réaliser un diagnostic financier sur lequel reposera votre analyse de si, oui ou non, l’entreprise doit investir. Il est également le père de la notion de VAN pour évoquer le fait qu’un taux d’actualisation doit être pris en compte lors du calcul de la rentabilité d’un investissement pour prendre en compte l’inflation et la perte de valeur de la monnaie. C’est un livre ancien, donc le trouver, surtout en français, risque d’être difficile à prix abordable mais c’est un formidable livre pour s’intéresser au monde de l’investissement. Toutefois, si le lire n’est pas une priorité absolue, garder en tête que celui-ci est le fondement de l’analyse financière en est une.

Tous ces ouvrages présentent des points communs : ils tentent d’aborder l’ensemble des volets que peut recouvrir leur discipline, ils mêlent contenu académique et théorique riche et illustrations concrètes variées, peuvent être considérés comme un manuel qui se prêtent parfaitement au format scolaire car la plupart des chapitres ressemblent à des titres de cours, et surtout chacun de leur auteur est une référence dans le domaine. Les lire tous sera assez difficile, même sur une année, mais choisir celui dans le domaine où vous avez le plus de lacune en ce qui concerne le cours ne pourra que vous être bénéfique pour le jour de l’épreuve. Ce sont donc des indispensables pour tous ceux qui souhaitent enrichir leur culture managériale dans un domaine particulier de la gestion, et je ne peux que les conseiller aux ECE et ECS curieux qui, en tant que futurs étudiants en grande école de commerce, se doivent d’acquérir une culture que, il faut bien se l’admettre, leur école ne leur fournira pas forcément.

Retrouve également notre article sur l’épreuve de management dans le dernier numéro du magazine Le Major :