drapeau Yémen

À quoi penses-tu quand je te dis « Yémen » ? Peut-être au Moyen-Orient, à la guerre, ou encore à la reine de Saba ? Ou peut-être même à rien du tout… Quel que soit ton niveau de connaissances, je suis là pour te donner un maximum d’informations sur ce pays dont on ne parle que trop peu. Si ça te tente, laisse-moi te conter l’histoire aussi riche que dramatique du Yémen… Un thème que tu peux aborder dans une copie de géopolitique sur le Moyen-Orient !

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Le Yémen en bref

Politique au Yémen

Ce qui doit te venir en tête lorsque tu entends « Yémen » est le terme « fragmenté ». Puisqu’en effet, une multitude d’acteurs s’opposent, et ce, depuis l’unification du pays en 1990. Le conflit central oppose deux parties. D’une part, le gouvernement reconnu par l’ONU, dirigé par Abdrabbo Mansour Hadi, et d’autre part, le gouvernement houthis d’opposition non reconnu par l’ONU, quant à lui dirigé par Mehdi Hussein al-Machat. Je reviendrai un peu plus loin dans l’article sur la genèse de la scission du pays.

L’économie du Yémen

Économiquement parlant, le tableau n’est pas plus reluisant. Le Yémen est un des pays les plus pauvres au monde, l’instabilité politique a fortement affecté la santé économique du pays. Le pays est classé 106ᵉ en termes de PIB ! La grave crise politique et humanitaire dans laquelle est enlisé le pays depuis des années a détruit l’économie du pays. Situation que la pandémie n’a pas arrangée ! Depuis le début du conflit (que nous allons développer plus loin dans l’article), on estime que le Yémen a perdu près de 50 % de son PIB.

De surcroît, compte tenu de la situation dramatique du pays, la production et l’exportation d’hydrocarbures ont été ralenties, voire suspendues, de même que les investissements. Les capacités d’importation du Yémen ont été drastiquement réduites, provoquant par là même la « pire crise humanitaire au monde » évoquée dans les médias. Pénurie de nourriture, de médicaments et de carburant… La famine et la maladie qui ravagent ce pays à l’avenir incertain…

Les ressources et carences du pays

La première source d’exportation du Yémen est le pétrole. Mais les réserves et la production font pâle figure face aux géants pétroliers de la région. D’autre part, le pays est en grande partie désertique, ce qui ne facilite ni l’agriculture ni l’accès à l’eau. De fait, des millions de Yéménites n’ont plus d’accès à l’eau potable et dépendent des ONG et des associations caritatives qui les fournissent en eau. Ainsi, le pays fait face depuis plusieurs années à une crise de l’eau. Et cette crise de l’eau est polyfactorielle : des ressources déjà limitées, des décisions politiques favorisant l’exploitation des nappes phréatiques au-delà de leur capacité à se reconstituer, le dérèglement climatique entre autres.

Par ailleurs, la disparition de l’eau dans certaines régions a laissé des villages à l’abandon. L’eau est inégalement répartie dans le pays. Et cette inégalité a eu tendance à se creuser au fil des ans. Cette crise de l’eau présente des enjeux majeurs : humanitaires, politiques, économiques et financiers.

Mettons de côté les difficultés du Yémen pour nous concentrer sur ce qui en fait un pays unique au Moyen-Orient. En effet, le pays présente des atouts qui expliquent l‘intérêt des puissances étrangères. Comme évoqué précédemment, il y a le pétrole, certes, mais ce qui suscite l’intérêt des puissances étrangères est sa position géostratégique. Le Yémen a des frontières maritimes très intéressantes, mais surtout il contrôle le détroit de Bab-el-Mandeb (un des couloirs maritimes les plus empruntés) !

Focus sur le social

Le Yémen est un pays de 26,94 millions d’habitants dont l’espérance de vie est en moyenne de 65 ans (ce qui est inférieur à la moyenne mondiale). La population yéménite est à majorité sunnite (branche majoritaire de l’islam) et on estime qu’entre 30 et 40 % de la population est chiite. Le Yémen est un pays en retard de développement, situation que la guerre n’a pas améliorée. Un chiffre assez parlant : le PNUD a classé le Yémen au 215ᵉ rang en termes d’IDH. D’autre part, le pays, qui vivait déjà la « pire crise humanitaire du monde », n’a pas été épargné par la pandémie de Covid-19. L’UNICEF évoque un chiffre effrayant : « Presque chaque enfant au Yémen – 12 millions – a aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire. »

Histoire du pays en bref

Une histoire riche

Le Yémen est un pays à l’histoire riche. C’est un des plus anciens berceaux de civilisation, berceau du fameux royaume de Saba au temps de « l’Arabie heureuse », rapidement converti à l’islam… Le Yémen que nous connaissons aujourd’hui en tant que nation n’a pas toujours été une réalité. Le pays a en fait toujours été divisé puisqu’il était le fief de multiples tribus yéménites, aux intérêts, croyances et coutumes différents. Cette histoire tribale résonne jusqu’à ce jour dans les conflits auxquels nous assistons. Mais avant de détailler davantage l’histoire du pays, parlons topographie et démographie !

L’ouest du pays est très montagneux et en direction de l’est, les montagnes laissent place à une série de hauts plateaux qui accueillent les principales villes du pays. L’écrasante majorité de la population yéménite vit à l’ouest au cœur de ces montagnes et hauts plateaux propices à l’agriculture, et où la pluviométrie est élevée. Les Yéménites sont encore en grande partie un peuple d’agriculteurs. D’ailleurs, la prospérité que caractérise l’expression « Arabie heureuse » a été permise par l’agriculture irriguée, véritable savoir-faire yéménite depuis des siècles !

Un pays longtemps divisé

Parlons géopolitique maintenant ! Le Yémen est un pays de divisions, de clivages hérités du passé. On l’a évoqué brièvement, mais le pays souffre d’un clivage géographique entre les montagnes et hauts plateaux à l’ouest, et le désert qui s’étend à l’est, mais aussi d’un clivage identitaire lié aux différentes tribus qui coexistent dans le pays. Ce clivage identitaire se double d’un clivage religieux : entre les sunnites d’une part et les chiites d’autre part. Ainsi, au regard de tous ces clivages, unifier le Yémen pouvait sembler utopique… Et pourtant !

Au XXᵉ siècle, le Yémen était divisé en deux : le Yémen du Sud (occupé par les Britanniques) et le Yémen du Nord. Le Yémen du Sud acquiert son indépendance en 1967 et devient la République démocratique et populaire du Yémen (Aden en devient la capitale). Une fois indépendant, le pays entre dans la sphère d’influence soviétique. Le Yémen du Nord obtient son indépendance bien avant, en 1917, en devenant la République arabe du Yémen (dont la capitale est Sanaa). La République arabe du Yémen est pro-occidentale et est soutenue par l’Arabie saoudite.

Une unification retardée

L’instabilité des deux régimes yéménites et leur appartenance à deux sphères idéologiques différentes pendant la guerre froide ont retardé l’unification du pays. D’autant plus que l’Arabie saoudite était opposée à cette unification.

C’est seulement en 1990, après avoir surmonté une myriade d’obstacles, mais surtout après une guerre civile qui aura fait plus de 200 000 morts, que le pays s’unifie. Toutefois, en 1990, il ne ressemble pas au Yémen actuel. Puisqu’en effet, le Yémen et l’Arabie saoudite se disputent les frontières du nord du pays. C’est seulement en 2000 que le Yémen obtient la reconnaissance de ses frontières actuelles. Sanaa devient la capitale du Yémen unifié et c’est d’ailleurs Ali Abdallah Saleh (ancien président du Yémen du Nord) qui en devient le président.

Éclatement du pays : « l’Arabie heureuse » semble n’être plus qu’un lointain souvenir…

La genèse du conflit

Dès l’unification, des dissensions se sont fait jour. En 1994, par exemple, le sud du pays a tenté de faire sécession. Le président Saleh ordonna alors de récupérer la ville d’Aden. Les contestations sudistes ont été sévèrement réprimées. C’est ainsi que l’unité du pays a été préservée, aux dépens des populations contestataires du Sud. Ces mesures n’ont fait que maquiller les fractures béantes du pays et étouffer le mécontentement de toute une frange de la population. Ces divisions sont les prémices de l’éclatement du pays entre différents acteurs qui entreront dans l’échiquier progressivement.

Peu après l’unification, on assiste également à la montée en puissance d’un acteur qui deviendra décisif pour l’avenir du pays : les houthis et le mouvement Ansar Allah. Ansar Allah veut redonner une influence à la communauté chiite écartée des sphères de pouvoir et c’est depuis leur fief de Saada que les houthis vont s’engager dans une guerre qui durera jusqu’à ce jour.

C’est en 2004 que le conflit devient inextricable. En effet, lors d’une contestation chiite à Saada, le meneur Hussein Badreddine al-Houthi (qui donna son nom aux rebelles « houthistes ») est tué en septembre par les autorités. Nous assistons depuis à une escalade de la violence.

Le conflit résumé

En 2009, les houthis ont gagné du terrain et deux nouveaux acteurs sortent progressivement de l’ombre : l’Arabie saoudite et l’Iran. L’Arabie saoudite soutient ouvertement le régime de Sanaa, et l’Iran est accusé de fournir des armes aux rebelles houthis. Quelques années plus tard, dans le sillage du printemps arabe, le Yémen s’enlise davantage dans l’instabilité politique et sociale. En effet, le président Saleh se voit contraint de quitter le pouvoir au profit de son vice-président Abdrabbo Mansour Hadi (ajoutons que les États-Unis et les pays du golfe sont intervenus au moment des négociations pour faciliter la transition).

Avançons plus loin dans le temps

En 2014, la conquête houtiste a bien avancé puisque les rebelles prennent d’assaut la capitale Sanaa. Dans un premier temps, le président Hadi se réfugie à Aden, puis fuit le pays et trouve asile en Arabie saoudite.

Notons que l’Arabie saoudite est très impliquée dans la guerre civile au Yémen. Mohammed Ben Salman, à la tête d’une coalition, a lancé l’opération « tempête décisive » dans le but de rendre le pouvoir à l’ancien président Hadi renversé par les houthis. L’opération « restaurer l’espoir » lui succède en avril 2015. Cette opération fut lourde de conséquences pour le peuple yéménite, puisqu’en effet, l’Arabie saoudite a décidé un blocus maritime, aérien et terrestre aux conséquences funestes. La famine, les maladies ont ravagé le pays et détruit la vie de millions de Yéménites.

Dans le même temps, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) profite du chaos pour étendre son influence au Yémen.

Tu te souviens du président Saleh dont je t’ai parlé plus haut ? Il fait son grand retour en 2015, et à la surprise générale, c’est du côté houthis qu’on le retrouve ! Cette alliance durera deux ans, jusqu’à ce qu’il se rapproche du camp saoudien pour obtenir une levée du blocus aux conséquences désastreuses. Ce rapprochement est vu comme une trahison par le camp houthis. Il est assassiné peu de temps après ce rapprochement.

Un bilan dramatique

La guerre civile s’éternise et après toutes ces années, le bilan est dramatique. Il est difficile de se positionner sur un chiffre précis, mais en comptant les morts directement liées aux conflits et celles qui découlent du blocus et des conséquences économiques et sociales du conflit, on estime le bilan à plusieurs centaines de milliers de morts (en 2021 un rapport de l’ONU évoquait 377 000 morts). En plus des morts, les dégâts matériels sont colossaux… Le pays est en état de guerre civile quasi constant depuis plusieurs décennies maintenant, c’est une véritable poudrière. Tous ces acteurs s’affrontant au prix de la vie de civils faisant de ce conflit un des plus dramatiques du XXIᵉ siècle.

Et voilà ! Le Yémen n’a plus de secret pour toi ! L’histoire du Yémen est celle d’une course à l’unité au mépris des divisions flagrantes – d’ailleurs bien plus anciennes que le pays lui-même – et ayant dégénéré en guerre civile à laquelle ont pris part des puissances étrangères. Le conflit est complexe puisqu’une multitude d’acteurs aux intérêts tous différents sont impliqués, et ceci au détriment d’une population yéménite oubliée, première victime de ces conflits aux conséquences funestes. 

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