géopolitique

Si tu te donnes à fond dans tes cours de géopolitique en prépa ECG, mais que tu ne parviens pas à briller dans ta copie, ou que comme moi, tu es passionné par la matière et cherches à te démarquer des autres candidats aux concours par un moyen simple et efficace, cet article est sûrement fait pour toi ! Je vais te partager ma méthode pour rédiger dans ta dissertation une belle étude de cas en géopolitique.

La méthode de l’étude de cas en géopolitique (dissertation HGGMC)

Qu’est-ce qu’une étude de cas en géopolitique ?

Une étude de cas est une partie facultative de la dissertation de géopolitique à double tranchant. En effet, elle peut apporter une plus-value indiscutable à ta copie si cette dernière est bien rédigée et apporte de nouveaux éléments de réflexion qui montrent au correcteur que tu as des connaissances précises sur un lieu, un pays, une organisation, un acteur, une époque, etc. Effectivement, le correcteur ne pourra qu’être surpris positivement par ta culture générale, ta curiosité, ton originalité, ton audace et ton aptitude à sortir des sentiers battus et rigides qu’une dissertation peut imposer à un étudiant préparationnaire.

En revanche, garde à l’esprit qu’une étude de cas mal menée peut s’avérer être un gros point noir pour l’appréciation globale de ta copie. Si tu n’es pas un grand adepte de géopolitique, que le sujet ne t’inspire guère, que tu n’es pas réputé pour avoir des talents de rédaction, que tu ne parviens pas à gérer ton temps correctement et que, par conséquent, ta dissertation est faiblarde, alors je te conseille de ne pas tenter le diable. Au contraire, reste dans les clous et fais-en le moins possible, mais fais-le bien.

En résumé :

  • si tu es très bon en géopolitique, n’hésite pas et entraîne-toi dès maintenant à en rédiger ;
  • si tu as un niveau variable, privilégie les études de cas dans les sujets où tu te sens vraiment à l’aise ;
  • si tu as un faible niveau, rien n’est définitif, mais contente-toi d’appliquer la méthode classique et traditionnelle de la dissertation.

Pourquoi faire une étude de cas dans une dissertation de géopolitique ?

  • Apporter une plus-value indéniable à ta copie.
  • Sortir du lot de copies et marquer le correcteur.
  • Montrer tes connaissances précises du monde géopolitique contemporain.
  • Exploiter en profondeur des exemples pertinents.
  • Rendre ta copie moins rigide.

Comment faire ressortir une belle étude de cas géopolitique en dissertation ?

Lors de la rédaction de ton plan et de tes idées au brouillon, réfléchis à l’endroit où tu pourrais intégrer ton étude de cas. Attention, veille à ce que sa rédaction ne crée pas de déséquilibre majeur dans ta copie ! Ensuite, réfléchis au thème de ton étude de cas : il doit être suffisamment précis pour comporter des exemples, des dates, des lieux géographiques, des acteurs pluriels pertinents et pour apporter, en quelque sorte, un véritable zoom sur un cas géopolitique et illustrer alors le propos intelligemment. Quand ce travail est réalisé, soit après cinq minutes de brainstorming je dirais, prévois également un temps de rédaction. Et seul toi connais le temps que tu passes à rédiger… Pour savoir comment l’intégrer dans ta copie, je t’invite à lire mes exemples ci-après.

Les erreurs à ne pas commettre pendant son étude de cas

  • Faire une étude de cas trop longue (plus d’une sous-partie) ou trop courte (moins de cinq lignes).
  • Se perdre dans des détails qui n’apportent rien à la démonstration menée dans la copie.
  • Se lancer dans une étude de cas sur un sujet non maîtrisé réellement.
  • Annoncer une étude de cas et rester trop vague historiquement, géographiquement ou typologiquement par exemple.
  • Ne citer que des auteurs et en oublier sa propre analyse/réflexion.

Mise en pratique concrète de l’étude de cas en géopolitique

Voici deux extraits de mes dissertations de HGGMC lors des concours écrits de 2020 à la BCE.

Exemple 1 : Une sous-partie = une étude de cas

Extrait Dissertation Géopolitique ESSEC 2020 notée 20/20 : « Le bassin méditerranéen, espace de crises et de rivalités internationales depuis la fin de la Guerre froide. »

« Une étude de cas sur la guerre en Syrie s’avère éloquente ici : en 2014, la Syrie est l’un des derniers pays du Moyen-Orient à traverser un Printemps arabe. Mais, contrairement aux autres pays, la famille Al-Assad tient les rênes du pouvoir d’une main de fer depuis plusieurs générations chiites alaouites. Si le refus d’Obama à franchir la ligne rouge de l’intervention en Syrie a été visiblement critiqué, c’est bien parce que l’intervention américaine aurait probablement permis une pacification du Levant. En effet, non seulement la population civile a pris les armes face aux militaires soutenant le gouvernement, mais interviennent aussi les milices iraniennes Hachd-al-Chaabi pour soutenir son compatriote chiite, la Russie pour protéger sa base militaire de Tartous lui permettant de se projeter sur l’espace méditerranéen et d’espérer mettre la main sur les détroits du Bosphore et des Dardanelles turcs pour accéder, comme le souhaitaient les tsars, aux mers chaudes. De même, la Turquie souhaite avant tout éliminer le PKK kurde, qu’elle juge terroriste, du Rojava pour maîtriser au mieux son territoire. Enfin, pour complexifier davantage la situation, le Front al-Nosra a ramifié à Daech et des milices touarègues tribales ont pris part aux combats, ce qui n’a pas empêché Bachar al-Assad de recourir au gaz sarin contre sa propre population, violant par là la Convention de Genève de 1949, même si le format d’Astana et le Sommet de Sotchi ont permis notamment la quadripartition d’Idlib et la défaite de Daech en Syrie sous l’impulsion de la France et de l’Allemagne. »

Exemple 2 : Une étude de cas géopolitique intégrée dans une sous-partie

Extrait Dissertation Géopolitique ESCP 2020 notée 19/20 : « La France dans la recomposition des puissances dominantes. »

« Le Premier Empire de Napoléon Bonaparte a marqué un tournant dans la stratégie d’expansion française et de projection vers le monde extérieur par de nombreuses conquêtes dès 1804. Pourtant, la défaite de Waterloo de 1814 est décisive pour le peuple français, puisque le Congrès de Vienne de 1815 ampute la France de la majorité de ses conquêtes, faisant d’elle une « France qui marche, alors que les autres courent » (Gilles Babinet). Après la même erreur de Napoléon III et sa défaite cuisante de 1870 à Sedan, la France semble ne plus faire partie de la composition des grandes puissances comme la Prusse bismarckienne. Mais c’est finalement le Congrès de Berlin de 1885 qui ouvre la voie de la colonisation française en Afrique grâce notamment aux possessions de l’Algérie en 1830, de la Tunisie dans les années 1880 et du Maroc en 1912. Enfin, la participation de la France aux Traités de Versailles en 1919 et à la Charte de San Francisco en 1945 lui a finalement permis de peser lourd parmi ses voisins. La principale stratégie coloniale française réside alors dans l’assimilation pour faire des colonisés des citoyens français à terme. Mais les contestations deviennent si massives que le pays finit par accorder l’indépendance aux pays concernés du Maghreb en 1953, puis en 62 après la guerre d’Algérie, après une décolonisation plus pacifique de l’Afrique en 1960. Cependant, la puissance française a été remise en cause par les puissances étrangères lors de la défaite de Diên Biên Phu en 1954 en Indochine, puis en 1956 lors de la crise de Suez, où URSS et États-Unis ont évincé la France et le Royaume-Uni, la rabattant à l’échelle de son territoire. Pourtant, par une étude de cas sur la Françafrique, il semble que la France ait réussi malgré tout à garder un pied actif en Afrique, ce qu’Antoine Glaser souligne dans Africafrance : quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu : effectivement, la France a maintenu des liens étroits avec l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) et la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), héritiers des anciennes Afrique équatoriale française et Afrique occidentale française, Robert Bourgi, Jean-Christophe Mitterrand et Jacques Foccart, ont tenu à établir des liens commerciaux étroits entre la France et l’Afrique. Accusée, de « néocolonialisme » et d’économie prédatrice, la France a, par exemple, implanté le groupe Bolloré pour la construction d’infrastructures portuaires, Total sous Omar Bongo au Gabon ou Orano (ex-Areva) au Niger pour l’exploitation de l’uranium, faisant de l’Afrique son « arrière-cour privilégiée » comme le souligne Denise Artaud, grâce au maintien actif du franc CFA, lequel, devenu aujourd’hui Eco en UEMOA garantit 50 % des réserves en France et compte pour 30 % des exportations françaises. Mais la France a aussi cherché à saisir l’opportunité du levier de puissance européen. »

Te voilà fin prêt à (ré)affronter ta prochaine dissertation de géopolitique plus sereinement ! J’espère que cet article t’aidera à éclaircir la méthodologie de la rédaction d’une étude de cas en géopolitique. Si d’autres questions de méthodologie te taraudent, n’hésite pas à aller jeter un coup d’œil à nos récents articles sur le sujet en dissertation de géopolitique : pour rédiger une accroche efficace et écrire ta meilleure intro !