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On continue à alimenter tes dissertations d’ESH en articles récents et pertinents, faisant suite au premier segment de cette série, avec cinq nouveaux articles. Ces derniers abordent différents thèmes, et il est fort probable que l’occasion de les replacer dans une copie se présente.

1. « Que nous réserve l’économie mondiale en 2022 ? », Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran (août 2021)

Cette entrevue avec les deux économistes, au-delà de souligner la sortie de l’ouvrage annuel du CEPII, propose un panorama de l’année à venir. Sans grande surprise, il est dit que l’évolution de l’économie mondiale restera dans un futur proche conditionnée aux évolutions sanitaires.

Les perspectives de croissance semblent cependant optimistes. Le FMI prévoit une croissance économique mondiale de 4,9 % pour 2022, avec une hausse plus forte dans les PED que dans les pays avancés. Néanmoins, les divergences entre les différentes gestions publiques de la crise sont telles que les écarts de niveaux de vie entre pays devraient continuer à se creuser. 

Les projets de réforme fiscale mondiale initiés par les États-Unis laissent par ailleurs entrevoir une sortie du nivellement vers le bas des taux d’imposition sur les entreprises. L’année 2022 pourrait être celle de la lutte contre l’évasion fiscale et de la fin de la concurrence fiscale entre États.

Au sujet de la dette, les deux économistes rejettent les politiques d’austérité et préconisent une poursuite des dépenses publiques, à l’image de celles poussées par Joe Biden. Elles jugent les outils traditionnels tels que la courbe de Phillips datés, et que l’inflation ne devrait ainsi pas être une inquiétude.

Globalement, c’est une solidarité internationale qui paraît indispensable, pour faire face aux enjeux sanitaires mais aussi économiques.

2. « Pourquoi la recherche française perd du terrain sur la scène internationale », Valérie Mignon (mars 2021)

Chaque année en France, 28,3 milliards d’euros sont dédiés à la R&D par les entreprises, soit 56 % de la dépense intérieure de recherche et développement expérimental (DIRD) en 2017. Cette part de la dépense est de 78,3 % au Japon ou de 66,2 % en Allemagne. Cette dépense française en R&D est essentiellement financée par les entreprises, et seulement à 9 % par les pouvoirs publics. Elle représente 2,22 % du PIB français de 2016, alors même que la stratégie de Lisbonne (2010) préconisait une part de 3 %. Le financement public et privé de la R&D française est donc trop faible selon Valérie Mignon.

Ce constat est sérieux en raison du rôle majeur joué par la R&D dans l’économie par les gains de productivité et les innovations diverses, mais également dans le cadre d’une transition énergétique. La position forte de la France dans le domaine de l’innovation reste toutefois réelle. D’après la ministre Frédérique Vidal, le pays est septième mondial en termes de publications scientifiques.

Toujours est-il qu’il existe une réelle perte de vitesse de la recherche française, pour plusieurs raisons. Des difficultés financières conséquentes dans les universités, où les enseignants-chercheurs représentent théoriquement une part importante de la recherche, des perspectives de carrière et de rémunération peu attractives dans le secteur de la recherche (en 2013, le salaire moyen d’entrée en parité de pouvoir d’achat des chercheurs français valait 63 % de celui des pays de l’OCDE), ainsi qu’une baisse des financements accordés aux laboratoires.

3. « L’activisme climatique couronné de succès chez Exxon : les prémisses du monde financier d’après ? », Jérôme Caby et Jacques Igalens (septembre 2021)

Cet article permet de revenir sur un évènement intéressant. En mai 2021, le jeune hedge fund activiste Engine nº 1 et actionnaire minoritaire (0,02 % des parts détenues) du géant pétrolier américain Exxon obtient du groupe qu’il nomme trois administrateurs chargés de réduire son empreinte carbone. Exxon avait jusque-là refusé de s’engager dans toute forme de transition énergétique, plaidant qu’il y aurait toujours un besoin d’énergies fossiles.

La procédure se sera faite assez rapidement, puisque Engine nº 1 commence ses démarches en décembre 2020 par une lettre au conseil d’administration d’Exxon. Le hedge fund parvient à rallier d’autres actionnaires à sa cause en pointant du doigt les mauvaises performances boursières d’Exxon comparées à celles de majors concurrentes. On note ainsi un changement de mentalité réel, parallèlement à une hausse de l’investissement socialement responsable. 962 fonds durables représentaient en 2021 en France près de 522 milliards d’euros.

Les auteurs parlent d’un « renversement paradigmatique » : Engine nº 1 reste bel et bien un fonds en quête de profit, mais où s’ajoute un activisme nouveau. Le deuxième élément majeur de cette révolution, au-delà de l’initiative individuelle d’Engine nº 1, est le soutien apporté par BlackRock ou State Street — investisseurs institutionnels majeurs qui ont réellement permis que la démarche aboutisse.

4. « Endettement public : problème ou solution ? », Thomas Grjebine (octobre 2021)

La pandémie a entraîné une explosion des dépenses publiques. Celles de la France sont passées de 98 % du PIB en 2019 à 118 % en 2021. Malgré cette hausse, les taux d’intérêt nuls ou négatifs — qui commencent à la fin des années 1980 et qui sont liés à la dynamique de stagnation séculaire — auxquels sont remboursées les dettes publiques font que celles-ci peuvent être soutenables.

Il est possible de s’endetter pour rembourser les anciennes. De plus, certaines banques centrales interviennent désormais directement pour garder ces taux faibles — assurant la soutenabilité théorique des dettes publiques —, sans que cela soit officiellement de la monétisation de la dette publique, interdite par l’article 123 du traité de Lisbonne (2007). Par exemple, 20 % de la dette publique française est détenue par la Banque de France suite à d’importants programmes d’achat d’actifs.

Thomas Grjebine nuance donc. La dette publique est une solution en situation d’excès d’épargne afin de pallier les manques de demande, car « si le privé épargne, il faut que le public prenne le relais ». Il ne s’agit néanmoins pas de s’endetter sans limites, et a fortiori dans la zone euro où les pays s’endettent dans une monnaie qu’ils ne contrôlent pas directement (contrairement au dollar américain). Toujours est-il que les taux bas rendent aujourd’hui l’endettement public intéressant.

Un propos analogue est tenu par Thomas Grjebine dans L’économie mondiale 2022 du CEPII, dont un résumé est disponible ici.

5. « L’essor des fintech accélère la transformation des banques traditionnelles », Pascal Barneto, Stéphane Ouvrard et Joëlle Randriamiarana (septembre 2021)

Une multitude de start-up financières se sont établies ces dernières années (N26, Revolut, etc.) pour former ce que l’on nomme la fintech (financial technology). Celles-ci proposent des expériences client différentes des banques traditionnelles, permettant bien souvent de réduire les frais bancaires. En quoi leur arrivée change-t-elle la donne pour les banques traditionnelles ?

Avant toute chose, les banques traditionnelles concentrent toujours la majeure partie de l’activité. Le financement des entreprises était à 63 % réalisé par crédit bancaire en 2019. Entre 2010 et 2017, les auteurs notent néanmoins une forte simplification de l’organisation des banques traditionnelles, potentiellement pour se rapprocher du modèle de la fintech, ainsi qu’une hausse globale de l’investissement dans les NTIC. Plus encore, certaines banques traditionnelles ont directement racheté des acteurs de la fintech, avec le rachat par exemple par la BNP Paribas de Nickel — une néo-banque — en 2017.