Chômage

Les libéraux considèrent que le marché du travail s’autorégule et que la variation des prix devrait permettre de réduire le chômage en temps de crise. Ils considèrent alors que l’intervention de l’État crée des rigidités sur le marché du travail, empêchant de lutter efficacement contre le chômage. Mais les keynésiens considèrent que l’État est un acteur clé pour endiguer le chômage, et ce, particulièrement en temps de crise puisqu’il est en mesure de rehausser le niveau des anticipations des entreprises en soutenant massivement la demande des ménages.

Dès lors, que doit-on penser quant au rôle de l’État dans la lutte contre le chômage ? L’intervention de l’État est-elle génératrice de déséquilibres sur le marché du travail ?

D’après la théorie libérale, certaines politiques menées par l’État sont source de chômage

En effet, les politiques publiques peuvent influencer grandement le niveau du chômage puisqu’elles introduisent des rigidités sur le marché du travail, notamment des rigidités salariales, qui empêchent la flexibilité des prix et des salaires. Par exemple, la mise en place d’un salaire minimum comme le SMIG ou le SMIC élève les niveaux de salaires (puisque les salaires sont forcément au-dessus du salaire minimum), ce qui contribue à la hausse du chômage. Dans ce cas, seule une baisse des salaires, rendue impossible du fait de ces rigidités, permettrait de réduire le niveau du chômage.

Les classiques et néoclassiques considèrent ainsi que le chômage est lié à un manque de flexibilité sur le marché du travail. Toutes ces rigidités, notamment introduites par l’État, empêchent l’autorégulation du marché travail. Plus encore, les allocations chômage peuvent également provoquer du chômage en désincitant les chômeurs à retrouver un emploi.

C’est notamment ce que soutient Rueff (1931), pour qui l’assurance chômage n’incite pas les offreurs de travail à retrouver un emploi. Il s’inscrit ainsi dans la lignée de Malthus, qui lui considérait dès le XVIIIᵉ siècle que les « lois sur les pauvres créent les pauvres qu’elles assistent », c’est-à-dire que les mesures prises par l’État ont des effets pervers.

L’État demeure toutefois un acteur indispensable de la lutte contre le chômage dans une perspective keynésienne

L’État est cependant le seul acteur en mesure de mener des politiques de relance ambitieuses et ainsi pallier le niveau du chômage. C’est ce que démontrent par exemple les enseignements du modèle néokeynésien IS/LM de Hicks paru en 1937. L’augmentation de la dépense publique conduit à une augmentation de la demande, à des anticipations plus optimistes de la part des entrepreneurs. Et donc, cela amène à une hausse de l’investissement, ce qui se traduit par un déplacement de la courbe IS vers la droite sur le graphique.

Dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Keynes (1936) soutient ainsi que lorsque la demande est faible, que les anticipations des entrepreneurs sont pessimistes et que le niveau d’emploi est faible, seul l’État peut rehausser le niveau des anticipations, en soutenant la demande des ménages et ainsi relancer l’investissement et l’emploi. L’État permet ainsi d’éviter d’entrer dans un « cercle vicieux » suite à une crise, caractérisé par une demande globale faible et des anticipations pessimistes.

Historiquement, la hausse des dépenses publiques a déjà été un outil efficace pour pallier le chômage. Par exemple, le « New Deal » de Roosevelt en 1933 a permis de relancer l’emploi après la crise de 1929 après laquelle le taux de chômage était monté à 25 % aux États-Unis. À ce titre, la création de la CCC (Civilian Conservation Corps) a conduit à la création de 250 000 emplois pour des jeunes de 18 à 25 ans. La création de la « Civil Works Administration », elle, a permis à quatre millions de chômeurs américains de retrouver un emploi. L’État peut donc être un acteur majeur de la lutte contre le chômage.

L’État face à la crise sanitaire

La crise récente a rappelé l’importance de l’État dans la lutte contre le chômage. En effet, face à toutes les menaces pesant sur l’emploi du fait de la propagation du virus et des confinements, le gouvernement français a mis en place le chômage partiel, débloqué des fonds pour soutenir les indépendants et mis en place des plans de soutien spécifiques aux secteurs les plus affectés, tout en facilitant les prêts bancaires aux entreprises. Mais ces mesures ont aussi été permises par le soutien de la Banque centrale qui joue également un rôle majeur dans la sortie de crise.