économie

Si tu te donnes à fond dans tes cours de géopolitique en prépa ECG, mais que tu ne parviens pas à briller dans ta copie, ou que comme moi, tu es passionné par la matière et cherches à te démarquer des autres candidats aux concours par un moyen simple et efficace, cet article est sûrement fait pour toi ! Je vais te partager ma méthode pour rédiger une bonne dissertation géopolitique en intégrant de la géoéconomie.

Qu’est-ce que la géoéconomie ?

La géoéconomie est l’étude des relations entre l’économie et la géographie politique d’un territoire. Branche de la géopolitique, la géoéconomie se situe au croisement des sciences économiques et des relations internationales. Le concept de géoéconomie a été développé aux États-Unis par Edward Luttwak et en France par Pascal Lorot, politologue français qui a créé en 1997 la revue Géoéconomie.

En particulier, la géoéconomie recouvre les notions de :

  • échanges commerciaux ;
  • théories et politiques économiques ;
  • politiques monétaires, financières, économiques, douanières, tarifaires, etc. ;
  • rôle des entreprises ;
  • essors et crises économiques ;
  • globalisation et mondialisation ;
  • associations de libre-échange ;
  • altermondialisme ;

Pourquoi de la géoéconomie dans une copie de géopolitique ?

Une bonne copie aux concours n’est pas la copie la plus précise, ni la mieux rédigée, ni la plus longue, mais bien la plus exhaustive, la plus globale. C’est-à-dire, celle qui a su montrer au correcteur que le candidat a perçu tous les pans du sujet donné. Et qui dit géopolitique, dit branches de la géopolitique, dont la géoéconomie, certainement la plus incontournable de ces branches, et pourtant si souvent négligée par les candidats !

Alors, tu me diras : « Mais comment vais-je faire ? Comme je viens d’une filière scientifique, je ne suis pas spécialiste économique ! » Foutaises ! Il te suffit en réalité de :

  • suivre l’actualité économique (lire un article des Echos par jour par exemple) ;
  • écouter des podcasts ou regarder des vidéos (Le dessous des cartes, Data Gueule, etc.) ;
  • retenir des chiffres approximatifs, des ordres de grandeur ;
  • apprendre le minimum syndical des notions économiques (devises, imports, exports, traités de libre-échange, associations régionales de coopération économique, etc.), des théories économiques (keynésianisme, École de Chicago, marxisme, etc.), des mouvances économiques (colbertisme, mercantilisme, etc.), des indicateurs économiques (indice de Gini, PIB, taux d’inflation, taux de chômage, croissance économique, dette, taux de pauvreté, etc.), des institutions économiques (banques centrales comme la FED, la BCE, OMC, Banque mondiale, etc.), voire des modèles économiques (Kuznets, Laffer, Phillips, Schumpeter, Kondratieff, Meadows, etc.). Cela te permettra grandement d’approfondir la géoéconomie dans tes dissertations.

Comment utiliser la géoéconomie dans une copie de géopolitique ?

C’est peut-être la partie la plus délicate, car le souci le plus courant que rencontrent les étudiants est de savoir utiliser leurs connaissances à bon profit.

Voici quelques conseils personnels que je peux te donner :

  • privilégie une sous-partie entière consacrée à la géoéconomie pour être sûr de ne pas l’oublier ;
  • ne te contente pas de montrer que tu connais les concepts, mais montre plutôt ce que ces concepts révèlent, illustrent de la situation économique de l’acteur dont tu parles ;
  • illustre ton propos avec des données numériques ;
  • intègre toujours tes connaissances économiques dans un espace géographique précis (géo + économie sont deux composantes distinctes qui forment un tout !) ;
  • n’hésite pas à citer des ouvrages, des économistes incontournables s’ils appuient ton propos.

Pour t’aider plus concrètement, voici des extraits de mes copies personnelles lors de concours blancs de ma deuxième année de prépa ECS pour que tu voies clairement comment s’organise une sous-partie de géoéconomie.

Sujet : Que recouvre aujourd’hui la notion de guerre ?

Enfin, le XXIᵉ siècle marque notamment l’ère de la guerre économique à foison comme l’évoque Bernard Ésambert dans La Guerre économique mondiale. C’est notamment la rivalité sino-américaine qui illustre de nos jours cette réalité. Si un semblant de trêve se fait entrevoir à l’horizon 2020, la Chine et les États-Unis n’en demeurent pas moins rivaux endémiques. Telle est la stratégie évoquée dans Vers la guerre : les États-Unis dans le piège de Thucydide ? de Graham Allison.

Après avoir placé plusieurs entreprises chinoises sur la « entity list », Trump a suscité un tollé en accusant Pékin d’espionnage industriel et de transfert de technologie comme une atteinte à la propriété intellectuelle. Par un « protectionnisme à l’envers », selon l’expression de Jean-Marc Vittori, la Chine a incessamment entravé tout transfert commercial vers les États-Unis et vice versa, en fixant des tarifs douaniers à hauteur de 20 % au lieu de 5 % sur certains produits phares. Laissant derrière eux des gagnants comme l’ASEAN et des perdants comme l’Europe de cette guerre.

Cette guerre peut même se prolonger par le droit comme l’évoque Ali Laïdi dans Le Droit : nouvelle arme de guerre économique. Il souligne ainsi l’extraterritorialité du droit américain qui a le « privilège exorbitant du dollar », selon l’expression de Barry Eichengreen, qui a permis aux États-Unis une véritable guerre économique au Moyen-Orient, au Venezuela, à l’instar du mécanisme Instex, développé par l’Union européenne pour pouvoir continuer d’échanger avec l’Iran. Ainsi, près de 45 milliards d’euros d’amende ont été imposés aux pays européens pour avoir maintenu des liens commerciaux avec les régions en question ces dix dernières années.

Sujet : L’Afrique subsaharienne depuis la fin de la guerre froide entre émergence, convergence et divergences

L’époque est aujourd’hui celle du retour, voire de l’affirmation, de ces puissances exogènes en Afrique subsaharienne. « L’Afrique est ruinée, la Chine est preneuse ! », affirment en chœur Michel Beuret et Serge Michel dans La Chinafrique : À la conquête du continent noir pour traduire le « néocolonialisme » (Valérie Niquet), qui découle de la stratégie ubiquiste chinoise dite « win-win » depuis le consensus de Pékin et à travers notamment le projet « One Belt One Road » des Nouvelles Routes de la Soie.

En effet, pour lutter contre son excédent commercial, l’Empire du Milieu a opté pour l’implantation de FTN principalement sur la côte orientale de l’Afrique subsaharienne (CNPC au Soudan, financement du nouveau siège de l’Union africaine en Éthiopie à Addis-Abeba), mais aussi culturel, avec la persuasion de son « soft power » (Instituts Confucius disséminés sur le continent, CCTV Africa disponible à la télévision africaine, etc.)

Mais la Chine n’est pas la seule à profiter des avantages fiscaux et de la main-d’œuvre subsaharienne. La « Françafrique » a survécu à travers les siècles dans le succès de la zone franc CFA qui permet à la France de réaliser 30 % de ses exportations en Afrique et 7 % de ses investissements directs à l’étranger, contre 50 % de ses réserves qui doivent être détenues par le Trésor public français. Cela montre l’importance qu’accorde la France à la géoéconomie en Afrique.

Cette « Africafrance » évoquée par Antoine Glaser dans Africa France : Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du monde semble pourtant aujourd’hui contestée comme une ingérence illégitime. La CEDEAO ainsi que la CEMAC se voient concurrencées par le développement d’une nouvelle monnaie : l’ECO. Plus encore, le Brésil s’appuie sur la « diplomatie de la générosité », selon Sébastien Santander, pour intervenir sanitairement dans les pays lusophones avec des visées opportunistes comme Petroleo Brasileiro.

L’Arabie saoudite participe au maintien du malékisme et du soufisme sunnites et dissémine des instituts coraniques pour défendre la tradition wahhabite tel un « État providence de substitution » chez les « failed states ». L’Inde s’affirme quant à elle à travers la « Chindiafrique » de Jean-Joseph Boillot, comme Tata Industries en Tanzanie ou Kalindee Rail au Kenya. Enfin, Evgueni Prigojine symbolise le retour de la Russie sur le continent à travers la vente d’armes par Almaz Anteï en République démocratique du Congo, favorisant le scandale géologique.

Sujet : L’Union européenne dans le monde globalisé, un acteur marginal ?

Contrairement à Bela Balassa, Robert Mundell ne considère pas aujourd’hui l’Union européenne comme une zone monétaire optimale, car n’ayant pas assez réalisé le phénomène d’« agglomération spatiale », selon Paul Krugman, n’exploitant pas suffisamment les mobilités du facteur travail. Mais au moins, Alan Greenspan reconnaît dans Le Temps des turbulences que l’Union européenne rassure les investisseurs internationaux par son modèle et que, si l’euro manque de crédibilité géopolitique, il assure une grande crédibilité géoéconomique (60 % des échanges intrarégionaux à l’Union européenne).

Aujourd’hui, l’euro représente 20 % des réserves mondiales et 16 % des échanges internationaux. D’ailleurs, l’Union européenne est, sans l’ombre d’un doute, l’une des puissances les plus intégrées à la mondialisation, au regard de la typologie des aides économiques qu’elle émet. À l’échelle régionale, le développement des Eurorégions passe par le programme Interreg, de même que le FEDER en 1975 pour le développement de régions marginalisées (le programme PHARE pour la construction d’autoroutes en Pologne), le FEOGA pour le soutien aux agriculteurs depuis 1962, le FESF pour la régulation de la crise des dettes souveraines et, à l’échelle mondiale, le Fonds européen du développement et le Fonds financier d’urgence de l’Europe, notamment à destination de l’Afrique.

NB : Tout ce que j’ai évoqué précédemment pour l’écrit, à savoir l’introduction en géopolitique de géoéconomie, est également transposable à l’oral dans une khôlle de géopolitique !

Te voilà fin prêt à (ré)affronter ta prochaine dissertation de géopolitique plus sereinement ! J’espère que cet article t’aidera à éclaircir comment intégrer de la géoéconomie en géopolitique. Si d’autres questions de méthodologie te taraudent, n’hésite pas à aller jeter un coup d’œil à nos récents articles sur le sujet en dissertation de géopolitique (rédiger une belle étude de cas, une accroche efficace ou écrire ta meilleure intro).