Culture générale ecricome 2021

Retrouve dans cet article l’analyse du sujet de Culture Générale Ecricome 2021. Avant-dernière épreuve des concours Ecricome, la Culture Générale se divise toujours entre un sujet lié au thème de l’année et un autre plus général. Dans cet article, on analyse celui lié au thème de l’année, l’animal ! Si tu ne l’as pas encore vu, tu trouveras le sujet ici.

Tu peux dès à présent retrouver les sujets en cliquant sur le lien suivant : Sujets Culture générale Ecricome 2021. Tu peux également retrouver les informations sur le concours Ecricome dans la rubrique concours Inside Ecricome 2021. 

Cette année, Major-Prépa t’accompagne tous les jours pendant les concours ! Retrouve le Live Inside Concours à midi et à 17h30 tout au long des concours Ecricome. Le lien de l’Inside Concours de ce jour :

L’analyse

Éléments d’analyse et problématisation

Le sujet d’Ecricome de cette année, une fois encore, est très classique. Le « qu’est-ce que… ? » signifie qu’il nous est ici demandé un travail de définition sur une notion qui fait problème, la « vie animale », et cette notion est la conjonction de deux notions dont l’une, l’animal, nous est familière parce qu’il s’agit du thème de l’année, et dont l’autre, la « vie », nous l’est moins. Il faut néanmoins appliquer également nos efforts de définition aux deux notions.

Il est nécessaire de rappeler la définition liminaire de l’animal qui nous est bien connue : le mot « animal » vient du latin anima, qui signifie l’âme, considérée comme le principe du mouvement et éventuellement de la représentation, qui peut contenir à la fois la sensibilité (douleur et plaisir) et la perception. Cette définition nous permet déjà de nous rapprocher de la spécificité du sujet. En effet, la possession d’une âme, dans la conception traditionnelle de l’animal, distingue ce dernier à la fois du minéral, qui n’a ni âme ni vie, et du végétal, qui n’a pas d’âme (ou bien possède une forme rudimentaire d’âme) mais est bien un être vivant. En revanche, la possession d’une âme semble commune à l’animal et à l’homme : ils sont non seulement tous deux vivants, mais ils sont également capables d’automouvement, sont des êtres sensibles et tous deux sont capables de se représenter des objets.

On donc donc d’emblée exclure le minéral de nos considérations, qui est évidemment dépourvu de vie. Mais le végétal, l’animal et l’homme sont tous trois des êtres vivants. Pour définir la vie animale, il nous faut donc la distinguer, d’un côté, de la vie végétale, et de l’autre de la vie humaine. Ce que ces trois êtres ont en commun, à savoir la vie, peut être définie par référence à la notion d’organisme : être vivant, c’est avoir un organisme, c’est-à-dire un ensemble systématique de parties dont la fonction est de se maintenir (s’alimenter, se protéger du danger) et de se reproduire.

Or, les fonctions traditionnellement associées à l’âme peuvent être ramenées à la vie spécifiquement animale et humaine : l’automotricité et la perception permettent à l’animal d’aller chercher et d’identifier sa nourriture, par opposition aux végétaux immobiles qui se bornent à la recevoir. La sensibilité au plaisir et à la douleur permet à l’animal d’identifier ce qui lui est bon et ce qui lui nuit. En première approche, on peut donc distinguer la vie animale de la vie végétale par ces caractéristiques. Du côté de l’homme, il semblerait que la possession d’un pouvoir particulier, la raison, l’intelligence, distingue radicalement la vie d’un homme de celle d’un animal dans son rapport à la capacité de représentation.

Le problème auquel nous sommes confrontés est cependant que ces définitions initiales créent peut-être, au sein de la vie en général, des frontières qui n’existent pas réellement ou qui ne sont pas aussi précises : n’y a-t-il pas encore du végétatif dans la vie animale ? À l’inverse, la raison qui serait le propre de la vie humaine n’est-elle pas déjà, sous certaines formes, une composante de la vie animale ? L’un des problèmes majeurs que l’on pouvait traiter était donc le suivant : peut-on rigoureusement distinguer la vie animale des formes de vie voisines, vie végétale et vie humaine, ou bien y a-t-il une porosité entre les unes et les autres ?

Proposition de plan

I – La vie animale, une vie fixe et mécanique

Dans une première partie, on pouvait défendre l’idée que la vie animale était particulièrement éloignée de la vie humaine et finalement plutôt proche de la vie végétale.

1) Le caractère mécanique de la vie animale

Nous avons présupposé que l’animal possédait une âme. Mais la théorie moderne de l’animal machine élaborée par Descartes nie ce point : elle fait de l’animal un système purement mécanique, donc dépourvu de sensibilité et de perception. Il semble donc que la vie animale, en dépit de son automotricité, soit plus proche de la vie végétale qu’on ne pourrait penser. Retrouve sur Major-Prépa un article dédié à ce sujet.

2) La fixité de la vie animale

Au sens fort, qui s’applique à la vie humaine, la vie est l’ouverture sur un champ infini de possibles. Ainsi la vie humaine est caractérisée, chez Rousseau, par la liberté et la perfectibilité, qui font que demain un homme peut s’être redéfini complètement différemment de ce qu’il était hier. La vie d’un animal, au contraire, du fait de son caractère mécanique, est soumise à un déterminisme strict et étrangère à toute forme de perfectionnement. Pour plus d’information, va voir ici.

Transition : Cette vision de la vie animale, qui la dégrade en la rapprochant de cette forme inférieure de la vie qu’est la vie végétale, risque cependant de ne pas être fidèle au phénomène que nous cherchons à définir. Elle se fonde en effet sur une théorie de l’animal antérieure aux découvertes biologiques du XIXe siècle, notamment à la théorie darwinienne de l’évolution. Il nous faut donc chercher une définition plus adéquate de la vie animale.

II – Une vie animale plus humaine

Dans cette deuxième partie, nous soutiendrons que la vie animale est plus proche de la vie humaine qu’il n’y paraît.

1) L’évolution et la vie animale

La théorie de l’évolution de Darwin montre en effet qu’il n’y a pas de réelle rupture entre la vie animale et celle de l’homme. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les propriétés censées distinguer la vie humaine de la vie animale sont déjà présentes, à des degrés divers, chez l’animal.

2) La vie intellectuelle des animaux

Ainsi, Hume montre que l’apprentissage par habitude est un élément central de la vie intellectuelle à la fois des animaux et des hommes. Pour en découvrir plus : la réflexion de Hume.

3) La vie sociale des animaux et le langage

Selon la même logique, Montaigne montre que nous devons accepter que les animaux possèdent un langage et parlent entre eux, même si nous ne les comprenons pas. L’échange linguistique, bien présent dans la vie animale, fonde donc la possibilité de rapports sociaux qui ne s’éloignent pas significativement de ceux qui cimentent la vie humaine. Pour en savoir plus sur la thèse de Montaigne, clique ici.

Transition : jusqu’ici cependant, nous avons considéré la définition de la vie animale dans sa dimension strictement factuelle : nous avons décrit ce qu’était ou ce que n’était pas la vie animale. Mais si cette dimension factuelle est si importante, c’est aussi parce qu’elle est liée à un enjeu moral : la notion de « vie » renvoie également à une valeur. Nous valorisons la vie contre la mort, la vie contre l’immobilité. S’interroger sur la vie animale, c’est donc aussi s’interroger sur la valeur que nous devons accorder aux animaux à partir de la manière dont nous avons décrit ce qu’était la vie animale.

III – La valeur de la vie animale

Dans cette troisième partie, nous montrerons que la vie animale n’est pas simplement un phénomène à décrire, mais aussi une valeur à prendre en compte.

1) La vie comme sensibilité et l’éthique animale

Ce qui montre que la description de ce qu’est la vie animale a des conséquences morales, c’est que nous sommes portés à agir différemment envers les animaux selon que nous leur prêtons ou non une âme, et plus spécifiquement une capacité de représentation et une sensibilité. Ainsi Bentham insiste-t-il pour dire que le fait que la vie animale implique une capacité de souffrance, contrairement à ce que soutenait Descartes, est une raison de prendre les animaux en compte dans nos considérations éthiques. Pour en savoir plus, clique sur ce lien.

2) Le respect de la vie animale

Dans la lignée de Bentham, Singer défend l’idée qu’il faut intégrer les vies animales dans nos calculs moraux : si la vie animale, comme la vie humaine, est faite de souffrance et de plaisir, alors il faut, quand nous prenons des décisions morales, faire la balance des peines et des plaisirs qui en découleront aussi bien chez les hommes que chez les animaux. On pourra remarquer que Singer rejette l’idée que la vie végétale soit également à prendre en compte dans ces calculs : en effet, la vie végétale, contrairement à la vie animale, n’inclut pas la sensibilité. On peut donc aussi distinguer vie animale et vie végétale du point de vue moral.

3) L’harmonie entre vie humaine et vie animale

La vie animale n’est pas simplement une valeur à prendre en compte : elle est aussi un univers qui nous est accessible et avec lequel nous pouvons communiquer. Ainsi le film Okja dépeint-il la relation profonde, à la fois morale et affective, qui se développe entre une jeune Coréenne et un cochon avec lequel elle a grandi mais qui s’apprête à être tué pour les besoins de l’industrie agro-alimentaire. Ce film illustre exemplairement le souci de la vie animal défendu par Bentham et Singer.

 Retrouve une analyse plus poussée de ce film ici.